Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le fabuleux destin d’anissa Kaki
La Sartrouvilloise Anissa Kaki est à l’affiche de F(l)ammes, vendredi et samedi sur les planches du théâtre de Sartrouville.
Des années de galère Plus de 100 représentations
« C’est arrivé à un moment où je croyais ne plus pouvoir être comédienne… » Ces 6 et 7 octobre, Anissa Kaki (29 ans) sera sur la scène du centre dramatique national, chez elle, à Sartrouville, pour y interpréter F(l)ammes, d’ahmed Madani, en compagnie de neuf autres jeunes femmes issues comme elle des quartiers et nées de parents ayant vécu l’exil.
Pour cette descendante de caravaniers algériens de Biskra, le moment s’annonce forcément un peu spécial. Sa famille et ses amis seront en effet dans la salle du théâtre de Sartrouville, dont elle a imaginé si souvent, depuis sa tendre enfance, brûler les planches.
L’ancienne élève du lycée Évariste-galois, qui a consacré trois ans de sa vie au voyage (« notamment à Venise où j’ai été jeune fille au pair ») une fois son bac option théâtre en poche, court depuis des années après son rêve de devenir comédienne professionnelle. Après avoir suivi les enseignements du prestigieux Cours Simon, elle rejoint la troupe de l’école Miroir, à Épinaysur-seine (Seine-saint-denis), qui offre une exposition « aux talents des banlieues », pour assouvir sa passion de la scène. Pas de quoi, pour autant, mettre du beurre dans les épinards. Pour subvenir à ses besoins et payer le loyer de son appartement de Clichy (Hauts-de-seine), où elle est en colocation, Anissa passent ses nuits au Cabaret Sauvage, dans le parc de la Villette à Paris, non pas sur scène mais en coulisses, où elle tient le vestiaire.
C’est à cette époque, aussi, qu’elle fait ses premières armes dans la réalisation. Dans Princesse nuage, lauréat de la Fondation France Télévisions en 2014, elle évoque son passé d’enfant de parents divorcés. Ce petit court-métrage de moins de quatre minutes a d’ailleurs été tourné à Nanterre (Hauts-de-seine), où vivait son père.
La vie d’anissa bascule en mars 2016, lorsqu’elle entend parler d’une audition organisée à Mantes-la-jolie par Ahmed Madani. Le metteur en scène est à la recherche de profils comme elle. La comédienne a littéralement un coup de foudre pour le projet. Elle est choisie, l’aventure est en marche. « Vivre ça comme première expérience, c’est assez incroyable. On a déjà joué une centaine de fois, fait le Festival d’avignon et on est à nouveau en tournée pour plus de 80 dates. Ahmed nous a offert un cadeau extraordinaire. »
Dans F(l)ammes, Anissa peut exprimer toute sa personnalité et sa sensibilité. « Cette pièce apporte de l’humanité sur scène. J’y raconte l’histoire de ma grand-mère algérienne, dont je suis très proche. Personne avant Ahmed n’avait réussi à imaginer une pièce aussi vraie parlant de l’exil. » David Goudey Lire aussi en