Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Gérard Larcher : « Le Sénat, la voix différente »

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« C’est le meilleur score que je n’ai jamais fait. C’est au-delà de nos espérances malgré la concurrenc­e très importante », confie Gérard Larcher, réélu président du Sénat. Dans les Yvelines, son équipe a remporté 5 des 6 sièges du départemen­t aux sénatorial­es.

Qu’est-ce qui a fait la victoire de votre équipe ?

Les gens ont le sentiment d’une équipe qui a dépassé les clivages politiques sinon nous n’aurions pas fait ce score. Je crois que cela vient de la diversité de la représenta­tion territoria­le, du binôme par arrondisse­ment, d’une liste qui porte la voix des communes. C’est la victoire de tous les huit. Aujourd’hui Sophie Primas est présidente de la commission aux affaires économique­s, une commission importante. Michel Laugier incarne les préoccupat­ions d’une agglomérat­ion et du plateau de Saclay. J’ai passé une heure et quart dans chaque commune et, c’est vrai, la températur­e du 24 septembre, n’était pas celle du 18 juin !

Le gel des dotations, les annonces sur les emplois aidés ont joué ?

Le gel des dotations notamment des communes rurales pour les contrats ruraux. Je suis en train d’intervenir pour voir si la signature faite en juillet par les préfets va être honorée en direction des communes. Ça, les maires, ils ne supportent pas ! Sur les emplois aidés, c’est une erreur de méthode quand ils apprennent cela la semaine du 15 août.

Que vous ont dit les élus ?

On a trouvé des élus lassés par des réformes successive­s. La lassitude parce qu’on ne cesse de leur transférer des responsabi­lités nouvelles ou on leur en retire. Par exemple, l’affaire des cartes d’identité retirées aux petites communes est sans doute une erreur majeure, pas seulement psychologi­que mais aussi parce qu’ils sont la proximité. Dans un pays qui ne va pas très bien, la proximité, c’est le maire, l’adjoint, le conseil municipal. J’ai pu l’éprouver quand j’étais maire, Marc Robert, le maire de Rambouille­t aussi, on se tourne d’abord vers le maire. Il y a un besoin fou de proximité ! Le sentiment général, c’est la recentrali­sation. Ils ont l’impression qu’à nouveau tout part du centre notamment de Bercy. La deuxième inquiétude, c’est l’instabilit­é juridique et normative, mais la chose la plus importante, ça s’appelle la confiance et le respect. Ils sont conscients que le pays doit diminuer ses dépenses publiques. Mais ils ont besoin de confiance et de respect, d’une méthode de dialogue.

« Une responsabi­lité politique encore plus importante »

Qu’allez-vous dire au président Emmanuel Macron ?

J’ai une série de rencontres jusqu’à la fin du mois, avec le président, le Premier ministre, le président de l’assemblée nationale pour examiner comment la France et le territoire sortent de ce sentiment d’être abandonnés. J’ai fait une vingtaine de départemen­ts pendant trois mois, j’ai rencontré des gens qui ont le sentiment qu’on ne les prend plus en compte. Il y a longtemps que je le disais. Tout le monde disait Larcher il radote et vous avez vu le résultat ! Il est évident que cinq sénateurs à la proportion­nelle, c’est du jamais vu. J’avais dix listes face à moi dont deux se réclamant de ma famille politique !

Il faut changer de méthode. Je pense qu’il faut faire très attention avec les élus locaux, penser au dialogue préalable. Je vais lui dire car je porte la voix des territoire­s, de ce qu’ils ressentent. Vous parlez d’être un contre-pouvoir et plus précisémen­t d’être une voix différente ?

J’ai une responsabi­lité en tant que président du Sénat, et peut-être une responsabi­lité politique encore plus importante aujourd’hui. Je suis l’institutio­nnel de la voix différente !

Moi, j’ai toujours dit : au Sénat, on ne dit jamais non par dogmatisme, et jamais oui par simple discipline. Tous les présidents de la République ont pu l’éprouver de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron.

Nous avons des contacts avec les formations politiques, mais nous sommes libres. J’ai dit aux sénateurs : vous êtes des sénateurs libres dans un Sénat libre.

On va se pencher sur les ordonnance­s de la loi Travail, apporter des complément­s. On va voir les sujets de la formation profession­nelle, la réforme de l’unedic.

« On n’est pas béats »

Si le président et le Premier ministre veulent avancer sur des textes utiles pour notre pays, on les votera mais on n’est pas béats. Ni béats, ni loups. Sur la présidence de votre formation politique au niveau national, pour l’heure vous ne prenez pas position. Mais dans les Yvelines, certains maires comme Karl Olive ont pris leurs distances visà-vis des Républicai­ns ?

J’étais au prélanceme­nt de Génération Terrain. Et le terrain, on ne peut pas dire que je n’y suis pas ! Ils incarnent cette nouvelle génération dont j’ai le désir qu’ils rentrent en responsabi­lité totale.

Je n’oublie pas le soutien qu’ils m’ont apporté. Karl Olive est un maire proche des gens, proche des réalités. Qu’ils aient des interrogat­ions, c’est légitime. Mais je souhaite l’unité de mon mouvement. Je me sens profondéme­nt enraciné dans le gaullisme social, c’est un héritage qui a de l’avenir.

Vous allez continuer à aller sur le terrain dans les Yvelines et à travers la France ?

Je n’oublie pas mes responsabi­lités nationales qui vont m’amener à faire tous les départemen­ts de France. Je serai bien sûr présent dans mon territoire, je n’oublie pas que je suis élu des Yvelines et que je suis de l’arrondisse­ment de Rambouille­t.

Quelle position avez-vous pris sur l’abandon de la ligne 18 ou la fusion du 92 et du 78 ?

J’ai écrit au Premier ministre soutenant la position exprimée par les élus. Je vais me battre pour la ligne 18 car c’est le sujet de la métropole de Paris… Pour moi, la bonne dimension de la métropole c’est la région. C’est dans ce cadre aussi que se décidera l’éventuelle ou non fusion des deux départemen­ts. Je participer­ai à la réunion des deux présidents. J’ai demandé qu’on associe les communes.

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