Le Courrier des Yvelines (Poissy)
À Sartrouville, l’école Jaurès se mobilise pour garder Regina
Le directeur de l’établissement sartrouvillois, l’équipe enseignante, les enfants et les associations de parents d’élèves sont unis pour conserver le poste d’emploi à la vie scolaire de l’école. Un cas loin d’être isolé en France après la décision gouvernementale.
Elle a su se rendre indispensable, faire l’unanimité parmi l’équipe éducative et, surtout, gagner l’affection des 317 élèves de l’école élémentaire Jeanjaurès de Sartrouville.
Régina (46 ans) a appris fin septembre que son emploi à la vie scolaire (EVS) ne serait pas renouvelé. La Lilloise est l’une des victimes directes, souvent anonymes, de la décision prise par le gouvernement, durant l’été, de réduire le nombre de contrats aidés, un dispositif très majoritairement utilisé par l’éducation nationale pour pourvoir des postes de surveillants ou à la vie scolaire.
Un courrier envoyé au ministre de l’éducation nationale
Dans les Yvelines, actuellement, 350 contrats courts (1 an renouvelable ; 20 heures mensuelles) de ce type (dont 50 dans les collèges) sont en cours.
Depuis le 25 septembre et l’annonce officielle par la direction académique de la fin du contrat D’EVS de Régina, une vague de contestation a envahi l’école Jean-jaurès. Son directeur, l’ensemble des enseignants mais aussi les enfants et leurs parents sont mobilisés pour conserver leur perle et le poste.
Vendredi dernier, au matin, les parents d’élèves ont organisé un blocage symbolique des cours avec sit-in, sous le regard bienveillant de l’équipe éducative. Une manière de montrer qu’il n’y a pas de fatalisme et que tous sont prêts à se battre. Jusqu’à la grève ? « On n’en est pas encore là mais l’idée nous a traversé l’esprit », admet cette enseignante.
Dès le 28 septembre, le directeur Éric Melot a adressé un courrier au ministre de l’éducation nationale pour défendre la cause de Régina et infléchir la décision.
Son contrat devait s’achever le 13 octobre. Elle a été finalement priée, pour des raisons d’assurance, de quitter les lieux en pleine journée le 5 octobre. Une gestion humaine jugée « scandaleuse » par tous.
Régina, c’était le chaînon manquant. Sans EVS, « l’école ne peut plus fonctionner correctement et c’est au détriment des familles », s’indigne le directeur Éric Melot, qui ne bénéficie que d’une décharge de 50 % sur son temps d’enseignement pour vaquer à ses tâches administratives et se rendre disponible pour les parents. L’établissement comprend douze classes mais aussi une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS). « Ce dispositif demande beaucoup de travail.depuis que Régina est partie, il n’y a plus personne pour répondre au téléphone quand je suis en classe, poursuit Éric Melot. Plus personne aussi pour ouvrir les portes aux enfants en retard ou me soutenir dans le travail administratif. »
Et personne, non plus, pour assurer la permanence de la bibliothèque, à l’abandon depuis des années quand Régina a été recrutée en octobre 2016. La quadra a redonné vie au lieu, dépoussiéré, trié et référencé des dizaines d’ouvrages. « Elle a donné plus que de son temps et pour une paie misérable (environ 600 euros) pour faire vivre l’école », s’accorde tout le monde. La bibliothèque, une fois rénovée, a d’ailleurs été inaugurée symboliquement en présence du maire Pierre Fond au début de l’année.
« Sans EVS, l’école ne peut plus fonctionner »
Régina, qui assure encore la surveillance de la cantine, assiste aux événements presque avec incrédulité. « C’est la première fois qu’on se bat pour moi, forcément ça fait quelque chose, confie-t-elle, au bord des larmes. J’aimerais tellement pouvoir continuer. Je n’ai pas vraiment envie de retourner travailler à la boulangerie. Mais bientôt, je n’aurai plus le choix. Il faudra bien que je trouve un nouveau travail. »