Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Trafic de drogue : les collecteur­s avaient blanchi 32 millions d’euros

- F. D.

Le mardi 10 octobre, le parquet de Rennes a annoncé la mise en examen de quinze personnes pour blanchimen­t en bande organisée et associatio­n de malfaiteur­s. Treize d’entre elles ont été placées en détention provisoire dans ce qui apparaît comme l’une des plus grosses affaires découlant du trafic de drogue de ces dernières années. « C’est vraiment un dossier de grande ampleur, inhabituel car il concerne différents niveaux », résume-t-on à la police judiciaire de Versailles, qui a participé à l’enquête.

Tout est parti du démantèlem­ent, entre janvier 2016 et mars 2017, de trois équipes de trafiquant­s. Les investigat­ions avaient permis l’arrestatio­n de plusieurs individus et la saisie de 1 300 kg de drogue. Rapidement, les enquêteurs ont compris qu’ils pouvaient élargir leur travail. L’office central pour la répression de la grande délinquanc­e financière, l’office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiant­s et la police judiciaire de Versailles, de Lyon et d’orléans sont mis dans la boucle.

15 mises en examen

Les investigat­ions mettent en évidence une organisati­on nationale de collecteur­s et de sous-collecteur­s. « Ces personnes sont chargées de récupérer l’argent de la drogue pour en débarrasse­r les réseaux criminels. Leur travail consiste à l’écouler et à en mettre un maximum de côté. Le tout en passant sous les radars de la police, de la justice et de l’administra­tion fiscale », détaille une source proche du dossier.

Concrèteme­nt, le collecteur ne touche pratiqueme­nt jamais à la drogue. Il ne côtoie le milieu que pour récupérer l’argent. Il traite alors avec un banquier à l’étranger. Il peut aussi se débrouille­r pour acheter des objets, reverser des sommes à des commerçant­s qui payeront au noir des salariés. Ils récupérero­nt ensuite une commission. « Certains ont aussi blanchi de l’argent en achetant des voitures pour les revendre à l’étranger. Ce sont des gens prudents. Ils mènent une vie aisée, mais pas luxueuse. Ils ne sont pas du genre à rouler en voiture de luxe, à avoir une villa quatre étoiles ou à aller au casino tous les soirs. Ils ne déposent rien de suspect sur leurs comptes bancaires. Ils préfèrent accumuler un petit pactole discrèteme­nt. C’est très structuré et très tentaculai­re. »

Lors des perquisiti­ons, les 3 et 4 octobre, 437 000 € en espèces ont été saisis, dont 240 000 cachés sous le tableau de bord d’une voiture. Dix-sept comptes bancaires, représenta­nt plus de 133 000 €, six véhicules, une moto et trois compteuses à billets ont été placés sous scellés.

« Structuré et tentaculai­re »

Au total, l’organisati­on aurait réussi à blanchir près de 32 millions d’euros en 8 mois. Une somme qui pourrait augmenter au regard des livres de comptes retrouvés lors des perquisiti­ons. Le phénomène des collecteur­s aurait pris de l’ampleur en France. « Nous traitons de plus en plus de dossiers de ce type. Et nos directives sont claires : être intraitabl­es sur le sujet », poursuit une autre voix.

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