Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Jean-luc Riva publie un nouveau livre sur le GIGN

Jean-luc Riva, l’ancien régisseur de L’AS du parc de Maisons-laffitte, vient de publier, en collaborat­ion avec Christian Prouteau, créateur et commandant historique de l’unité d’élite de la gendarmeri­e, un livre consacré aux premières années du GIGN.

- David Goudey

Maisons-laffitte

En 2016, déjà, il s’était signalé avec Les enfants de Loyada (Nimrod), qui retraçait la prise d’otages de trente enfants français à Djibouti en 1976 et son dénouement grâce à l’interventi­on du GIGN (Groupe d’interventi­on de la gendarmeri­e nationale), dont il s’agissait là du premier fait d’armes.

C’est à cette occasion que le Mansonnien Jean-luc Riva (67 ans) avait croisé le chemin de Christian Prouteau (73 ans), l’homme qui a inventé et commandé entre 1973 et 1982 la première unité au monde capable de résoudre les prises d’otages et de faire face à des arrestatio­ns difficiles. Il y consacre d’ailleurs encore un long chapitre dans Nous étions les premiers, publié au début du mois, toujours aux éditions Nimrod, qu’il cosigne justement avec l’emblématiq­ue et historique commandant du Groupe, fil rouge de cet ouvrage intense de 384 pages.

« Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur cette unité, dit Christian Prouteau dans sa note d’introducti­on. Il me semblait même que tout avait été dit… » Et pourtant ajouterait-on.

Grâce à l’expertise de l’expatron du GIGN et aux témoignage­s d’autres pionniers de l’unité, mais aussi par le truchement de nombreux documents recueillis ou accumulés lorsqu’il travaillai­t dans le renseignem­ent militaire, l’ancien régisseur de l’associatio­n syndicale du parc de Maisons-laffitte (1997-juin 2017) nous livre un récit inédit sur la genèse et les dix premières années du Groupe (1973-1982). C’était avant que l’unité ne quitte le fort de Charenton à Maisons-alfort (Val-de-marne) pour les Yvelines et Satory, dans le courant de l’année 1982.

Pas à pas, Jean-luc Riva nous raconte l’accoucheme­nt aux forceps de l’unité, un bébé qui n’était pas forcément désiré de tous, et les trésors d’énergie et d’ingéniosit­é que Christian Prouteau a dû déployer pour imposer et faire respecter son unité et ses hommes, au nombre de 17 à la création du groupe.

Au fil des pages, Jean-luc Riva revient aussi sur la relation quasi fusionnell­e entre ces pionniers, au profil de « gueules », et leur guide, au leadership aussi atypique que charismati­que. « Il est le chef que j’aurais aimé avoir ! », dit d’ailleurs l’auteur de Prouteau.

« En près de dix années passées avec eux, et 64 opérations menées, je n’ai jamais eu besoin de me retourner. Je savais qu’ils étaient derrière moi… Sans eux, je n’étais rien ! », résume, lui, Christian Prouteau.

Jean-luc Riva se concentre également longuement sur l’entraîneme­nt, son approche scientifiq­ue, les méthodes d’interventi­on et les techniques de négociatio­n, mais aussi sur les valeurs morales qui devaient animer le groupe. Elles tiennent en une phrase : « Vous êtes là pour arrêter les forcenés, les truands et les terroriste­s et les remettre à la justice, pas pour la rendre. » C’est ce que le jeune lieutenant Prouteau (29 ans à l’époque) dit aux 25 hommes encore en lice pour intégrer l’unité, le 3 novembre 1973. « Je n’ai jamais rencontré un quelconque autre officier entraîné à tuer avec un tel niveau de compétence qui ait en même temps possédé une telle éthique au sujet de la mort », souligne James Callahan (colonel des forces spéciales américaine­s) dans la préface qu’il a accordée à Jeanluc Riva.

Chemin faisant, l’auteur énumère évidemment les interventi­ons clés du GIGN. La première date du mois de mars 1974. C’était à Ecquevilly, dans les Yvelines, et elle se solda par un carnage. Mais il y aura bientôt Loyada, et puis La Mecque (Arabie saoudite) à l’hiver 1979. « La mission a fait l’objet de commentair­es parfois mensongers, insiste Jean-luc Riva. Dans le livre, et pour la première fois, toute cette opération est décrite avec une précision extrême. »

Une révélation, mais pas la seule. Les difficulté­s rencontrée­s par Christian Prouteau auprès de sa propre hiérarchie pour imposer le Groupe n° 1 comme référence nationale (face au Groupe n° 2, implanté à Mont-de-marsan, jusqu’à la fusion en 1976) « n’avait jusqu’ici été évoquées qu’à mots couverts ».

Les avancées techniques apportées par le GIGN, son influence et celle de son chef dans la constituti­on de la Delta Force américaine n’avaient été, elles, abordées jusque-là que très discrèteme­nt. Enfin, en raison de son extrême confidenti­alité, la mission de sécurisati­on par le Groupe d’un procès retentissa­nt à Berlin en 1978 n’avait jamais été décrite avec autant de précisions. « Elle avait juste fait l’objet de trois lignes dans un livre de Paul Barril (adjoint de Prouteau). »

Ces dix années, « les plus exaltantes de ma vie, les plus belles » se souvient aujourd’hui Christian Prouteau, auront été également marquées par des drames. Le premier a eu lieu le 23 avril 1977. Ce jour-là, le gendarme Raymond Pasquier se tue après une chute lors d’un exercice. La caserne du GIGN à Satory porte aujourd’hui son nom.

« Il me semblait que tout avait été dit » Les pionniers étaient au nombre de 17 La « véritable histoire » de l’opération de La Mecque Des révélation­s et un oeil neuf

Jean-luc Riva et Christian Prouteau seront le samedi 25 novembre (10 h 30) à la Maison de la presse de Maisons-laffitte pour une séance de dédicace.

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 ??  ?? L’unité du GIGN en 1976 au fort de Charenton. Christian Prouteau, avec des lunettes, est assis à gauche sur le capot de la voiture. C’est à ces pionniers que Nous étions les premiers rend hommage. Christian Prouteau et Jean-luc Riva, le 20 octobre...
L’unité du GIGN en 1976 au fort de Charenton. Christian Prouteau, avec des lunettes, est assis à gauche sur le capot de la voiture. C’est à ces pionniers que Nous étions les premiers rend hommage. Christian Prouteau et Jean-luc Riva, le 20 octobre...

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