Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Thierry Boulanger, parrain du Salon de la BD
Entretien avec le scénariste et dessinateur de bande dessinée, Thierry Boulanger, l’invité d’honneur de la 6e édition du Salon de la BD de Verneuil-sur-seine qui a lieu ce week-end.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Je suis né en 1966. Je suis issu de la génération de l’ascenseur social. Tous nos pères étaient ouvriers et ils voulaient tous que l’on soit ingénieurs.
Adolescent, quand j’ai dit à mon père vouloir faire carrière dans le dessin, ça n’a pas reçu un très bon accueil. Je me suis dirigé vers la profession d’éducateur spécialisé. Un jour j’ai été présenté au président d’une association qui promeut la BD sur Reims. J’ai commencé à participer au fanzine «Capsule», de 2004 à 2007. Puis, avec trois complices, nous avons fondé le collectif «Bulle Brozzeurs».
Nous avons sorti quelques livres autoédités. Cela a attiré le regard de l’éditeur Pierre Séry des Éditions Kotoji. C’est comme ça que je suis entré de plain-pied dans la BD, en signant mon premier contrat en 2011.
Depuis quand dessinezvous et pourquoi ?
Depuis tout petit. Je n’aimais pas beaucoup la bande dessinée classique. Les Tintin et Astérix, j’avais horreur de ça. J’ai rencontré l’univers du comics, avec Strange, Iron Man, Superman et surtout les X Men. Quand un dessinateur du nom de John Byrne a repris la série des X Men, j’ai trouvé les dessins magnifiques. L’envie est venue comme ça.
Parlez-nous de votre métier d’éducateur spécialisé…
Plus jeune, j’ai commencé à travailler dans les centres aérés des municipalités. Aujourd’hui, je travaille à Vitry-le-françois (Marne) avec des enfants et adolescents placés par la juge des enfants. Je me nourris toujours des sensibilités qu’on peut trouver dans les histoires des gamins dont on s’occupe. Ils ont parfois des parcours qui forcent la sensibilité, car il y a des destins qui sont terribles.
Depuis quand connaissezvous les membres de l’association La neuvième BD qui organisent le salon ?
Depuis Angoulême 2012. Paul Oliveres, le président de l’association, et plusieurs membres avaient été attirés par l’une de mes publications. Avec eux, le courant est passé tout de suite. Je suis aujourd’hui l’un des deux parrains de l’association.
Que présenterez-vous ce week-end à Verneuil ?
Le Chenal, sorti le 7 juillet dernier chez Kotoji. L’association a senti que cette dernière publication représentait quelque chose de très particulier pour moi. C’est un livre de 120 pages qui traite d’un marin qui a le cancer. Tout est fait avec énormément de souvenirs d’enfance, car l’action se passe où j’ai grandi en Charente-maritime. J’ai tout contextualisé là-bas. On va dire qu’on est dans l’intime.
Avez-vous d’autres projets en cours ?
Je vais certainement proposer à un voire à deux éditeurs un projet sur la thématique du syndrome post-traumatique des soldats.
Quel est votre regard sur le milieu professionnel de la BD ?
Au niveau du livre actuellement il y a beaucoup de nouveautés. C’est très difficile d’être visible. Mais je ne suis pas à la recherche d’un chiffre de ventes à tout prix. C’est déjà une satisfaction d’être publié. J’ai beaucoup de plaisir à partager une histoire qui me touche aux gens. Comme dans une conversation. Avant, c’était très ciblé francobelge avec de grands auteurs. Depuis une vingtaine d’années, la BD s’est diversifiée de façon extraordinaire. On peut dire maintenant qu’il y en a vraiment pour tous les goûts. A contrario du roman, la BD a un côté ludique immédiat.
■PRATIQUE
Salon de la BD de Verneuil-sur-seine, samedi 18 novembre de 14 h à 18 h et dimanche 19 novembre de 10 h à 18 h, au complexe sportif François-pons, route de Chapet à Verneuil-surseine. Rens. : 01 30 06 20 30. Entrée libre.