Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Des écluses transformées en microcentrales hydroélectriques
Voies navigables de France et une entreprise privée spécialisée s’associent pour transformer plusieurs écluses dont celles de l’île de la Dérivation à Carrières-sous-poissy en microcentrales hydroélectriques. Explications.
Comment redonner une seconde vie à des écluses désaffectées sur la Seine ? Voies navigables de France (VNF) a trouvé une solution, en particulier pour les deux de Carrières-sous-poissy et celle de Bougival dans les Yvelines (*).
« Depuis 2015, nous travaillons pour nous positionner sur le marché des énergies renouvelables en créant des microcentrales hydroélectriques, commente Nicolas David, du service études et grands travaux de Voies navigables de France. Nous avons lancé une étude sur la Seine, l’oise et la Marne pour identifier les sites ayant un potentiel de production hydroélectrique. Et plusieurs sont apparus pertinents avec une rentabilité intéressante, notamment les écluses de Carrières-sous-poissy et de Bougival. »
Course contre la montre
En 2016, VNF a lancé un appel « à manifestation d’intérêt » auprès d’entreprises spécialisées dans la conception et l’exploitation de microcentrales hydroélectriques. « On cherchait un partenaire pour développer le projet et se répartir les gains environnementaux et économiques. »
L’entreprise Quadran a été retenue pour travailler sur sept sites : Carrières-sous-poissy, Bougival, Méricourt, Notredame-de-la Garenne (Saintpierre-la-garenne, dans l’eure), Poses (Eure), Port-à-l’anglais (Vitry-sur-seine) et Meaux. Puis, le projet s’est réduit à quatre sites : les écluses de Carrièressous-poissy et de Bougival et les barrages de Port-à-l’anglais et de Meaux. « En 2016, nous avons répondu à un appel à projets du ministère de la Transition énergétique pour pouvoir bénéficier de subventions de l’état. Sans ces subventions, vu l’ampleur des investissements (environ 5 millions d’€ par projet), ce ne serait pas viable. Nous avons obtenu la réponse en avril 2017 : sur les sept sites proposés, l’état en a retenu quatre. »
VNF et Quadran doivent réaliser leurs microcentrales d’ici la fin 2021. « Si on dépasse ce délai, le complément de rémunération nous sera retiré. » La course contre la montre a donc démarré. « Nous avons déjà commencé à travailler sur les dossiers d’études d’impact environnemental. Nous savons qu’il faut attendre au moins un an avant d’obtenir l’autorisation environnementale obligatoire avant de pouvoir lancer les travaux. » Travaux qui eux-mêmes nécessitent une durée de deux ans. L’enquête publique pour chaque projet devrait avoir lieu fin 2018, début 2019.
Objectifs de production
Chaque microcentrale sera immergée. Pour fonctionner, une chute d’eau est nécessaire. « Cela ne change rien car nos écluses ont déjà une chute. Il n’y aura donc pas de nuisances sonores supplémentaires. » Chaque microcentrale sera composée de trois ou quatre turbines (de cinq mètres de large) immergées. « Les seules structures visibles seront un portique de manutention et le local technique qui abritera notamment le générateur et le répartiteur. » À noter que des aménagements seront prévus pour permettre la migration des poissons.
Quant aux objectifs de production d’électricité sur les sites de Carrières et de Bougival, ils sont respectivement de 12 900 Mwh/an soit l’équivalent de la consommation de 11 000 habitants (hors chauffage) et de 14 240 Mwh/an soit la consommation de 12 130 habitants (hors chauffage).
(*) Les écluses de Bougival et de Carrières-sous-poissy datent du XIXE siècle. L’arrêt de la navigation au niveau des deux écluses de Carrières-sous-poissy (île de la Dérivation) date des années 1980.