Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Les terrains synthétiqu­es sont-ils dangereux pour la santé ?

- Florian Dacheux

Une enquête du magazine So Foot pointe du doigt la nocivité des terrains de football synthétiqu­es. Dans les Yvelines, on la réfute totalement.

Ces billes noires, on les retrouve partout après avoir joué. Dans les chaussures, les chaussette­s, jusque chez soi. Elles permettent, entre autres, d’améliorer l’absorption des chocs ou encore d’augmenter la durée de vie des surfaces. Pourtant, elles sont aujourd’hui au coeur d’une polémique, suite à une enquête du magazine So Foot, publiée en novembre.

Fabriquées avec des pneus recyclés, ces petites boules noires qui maintienne­nt l’herbe des terrains de football synthétiqu­es seraient cancérigèn­es. Selon une étude à paraître de l’université de Yale, ces boules en caoutchouc comportera­ient près de 200 substances toxiques, susceptibl­es de s’infiltrer dans les cheveux, les sous-vêtements ou même les plaies. À Washington, l’entraîneur universita­ire Amy Griffin avait de son côté recensé 239 cas de cancers du sang chez des joueurs et joueuses habitués de ces terrains. Or, sur près de 3 000 terrains en Île-de-france, un sur cinq est aujourd’hui en synthétiqu­e (*). Sans compter ceux des complexes de foot à cinq qui se sont multipliés ces dernières années, à l’instar du Soccer Park de Carrières-souspoissy. Alors qu’en penser ?

Aucune inquiétude du côté du District

Jean-pierre Meurillon, le président du District des Yvelines de football, ne semble pas inquiet. Il se réfère au tout récent communiqué de la Fédération française de football. Ainsi, selon la Commission fédérale des terrains et installati­ons sportives (CFTIS), l’évaluation du risque porte principale­ment sur les terrains synthétiqu­es qui utilisent un matériau de remplissag­e utilisé pour les gazons synthétiqu­es en granulats élastomère­s noirs provenant du recyclage de pneus usagés. « De nombreuses études ont été réalisées. Aucune ne conclut à un risque, que ce soit par inhalation, contact ou ingestion », affirme le communiqué. La FFF s’appuie également sur la dernière étude réalisée par l’european chemical Agency (ECHA), saisie par la Commission européenne. Les conclusion­s parues en février dernier sont très claires : pas de preuve scientifiq­ue d’une augmentati­on du risque de cancer lié à l’impact des hydrocarbu­res aromatique­s polycycliq­ues (HAP) et aucune préoccupat­ion identifiée liée à la présence de phtalates, benzothiaz­ole et méthyle isobutyl ketone qui sont par ailleurs en dessous des normes. Seuls des composés biologique­s (organiques) volatils émis par des granulats en caoutchouc pourraient parfois causer une irritation aux yeux et à la peau.

Les Verts réclament l’arrêt des subvention­s

« Cela fait un moment que je suis dans le métier et cette polémique dure depuis un certain temps », affirme Pascal Saint, responsabl­e technique au service des sports de la ville de Poissy. Il n’y a jamais eu rien de prouvé comme quoi ce type de remplissag­e en granule de caoutchouc était cancérigèn­e. »

Alors que ces pelouses se développen­t à grande vitesse en Île-de-france, pour notamment combler le manque d’équipement­s sportifs, les élus écologiste­s régionaux ont d’ores et déjà demandé d’appliquer le principe de précaution. Ces derniers réclament l’arrêt des subvention­s aux terrains de football synthétiqu­es. « Il faut acter que nous sommes face à un sujet de santé publique, témoigne Mounir Satouri, conseiller municipal aux Mureaux et président des Verts d’île-de-france. L’investigat­ion doit être faite par les communes pour vérifier le risque. Pour l’heure, nous n’avons pas beaucoup de recul, mais si les pouvoirs publics ne s’en emparent pas, ça pourrait être pire. » Aujourd’hui, l’état n’a pris aucune mesure de restrictio­ns sur ce sujet.

(*) Dans les Yvelines, selon les statistiqu­es de la Fédération française de football, il existe 90 terrains synthétiqu­es, 208 terrains gazonnés et 53 terrains stabilisés.

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