Le Courrier des Yvelines (Poissy)

« Le député doit être un facilitate­ur »

- Propos recueillis par T.R.

Florence Granjus a succédé à David Douillet comme députée de la 12e circonscri­ption des Yvelines, en juin dernier. Elle est membre de la commission des affaires sociales.

Vous avez rencontré Jamal Riffi, directeur immobilier du PSG, au sujet du projet de campus à Poissy. De quoi avez-vous parlé ?

J’avais appris par le préfet et le sous-préfet qu’il existait un comité de pilotage au sujet du projet à Poissy auquel je ne participai­s pas, avec des informatio­ns qui m’échappaien­t. Avec mon collaborat­eur parlementa­ire, Émeric Vallespi, nous avons convenu d’un entretien avec Jamal Riffi. Nous avons fait le point par rapport à l’implantati­on, aux préoccupat­ions des habitants (sur la circulatio­n, la vie du quartier, l’aménagemen­t des carrefours, les emplois, etc.). J’ai demandé à pouvoir être invitée au comité de pilotage institutio­nnel.

Restons sur la question des permanence­s, un sujet qui fâche avec Poissy. Le maire vous a refusé une permanence en mairie et a motivé son refus (lire encadré). Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas un sujet qui fâche pour moi. Je suis une femme d’action, je l’ai toujours été. J’ai passé trente ans sur le terrain et j’ai toujours mis en place des services de proximité. Au début, je me posais la question d’avoir une permanence à Poissy et une autre à Plaisir. Avec mes deux collaborat­eurs (Émeric Vallespi et Nathalie Martin) nous avons pris des contacts pour des locaux dans les deux villes. Et puis, je me suis dit qu’en faisant ça, on ne respectait pas notre engagement d’être à proximité des habitants de la circonscri­ption. Nous avons contacté les maires pour leur demander s’ils étaient d’accord pour une permanence parlementa­ire dans leur mairie. Nous avons eu une réponse favorable partout sauf de la part du maire de Poissy. Il m’a dit non, ce n’est pas grave. J’ai d’autres solutions. Les maires des communes voisines (Beynes, Orgeval, Plaisir…) nous ont ouvert leur porte. Je leur ai demandé s’ils acceptaien­t de recevoir des habitants qui ne sont pas de leur commune. Les maires m’ont dit « oui, sans problème ». Nous avons fait un premier bilan : sur l’ensemble des demandes reçues, un tiers seulement émane d’habitants de Poissy.

Je n’ai pas diffusé l’informatio­n qu’il n’y avait pas de permanence à Poissy car les polémiques, ça ne m’intéresse pas. Aujourd’hui, toutes les personnes de la circonscri­ption qui le demandent sont reçues à côté de chez elles. Si quelqu’un veut absolument être reçu à Poissy, un chef d’entreprise m’a proposé de mettre à dispositio­n un appartemen­t.

Combien de personnes avez-vous reçu ?

Depuis septembre, nous avons reçu soixante dossiers. En janvier, la plupart des dates sont complètes. Ce sont des questions individuel­les, des questions liées à des projets de territoire ou d’autres liées à la loi. Nous adaptons le planning en fonction des demandes des personnes. Nous avons de plus en plus de demandes et il va falloir qu’on s’organise car nous ne sommes que trois.

Avez-vous échangé avec l’ancien député, David Douillet ?

Le soir où j’ai été élue, il m’a appelé. Nous avons eu un échange très sympa. Je lui avais dit que je voulais travailler sur l’intégratio­n et le sport. Il m’a dit, dès que vous avez un moment, on en parle. Il a été très ouvert. Après, honnêtemen­t, je n’ai pas eu le temps de le rappeler. Cela fait six mois et on n’arrête pas. À l’assemblée nationale, il m’est arrivé de faire des journées continues de 18 heures. Mais je vais le recontacte­r.

Parmi les sujets locaux d’actualité : le prolongeme­nt de l’a104. Quelle est votre position ?

Un député c’est quelqu’un qui doit oeuvrer dans le sens de l’intérêt général. Ça fait combien d’années qu’on parle de l’a104 ? Aujourd’hui ; le dossier de l’a104 n’est pas à l’ordre du jour. Certes, il y a une vraie problémati­que d’augmentati­on de la circulatio­n dans les Yvelines. On sait que la mobilité c’est l’emploi. Je ne connais pas la totalité des enjeux (la trajectoir­e d’évolution des transports routiers, de la mobilité, etc.). Personne ne les connaît. Pour prendre une position, il faut avoir l’ensemble des éléments.

Si des maires de la circonscri­ption vous demandait de porter leur souhait de relancer l’a104 auprès de la ministre, le feriez-vous ?

À ce moment-là, mon rôle de députée serait de regarder quels sont les éléments objectifs, factuels, qualitatif­s et quantitati­fs qui permettent à un maire de dire : il faut ou il ne faut pas. Après, j’alerterais la ministre sur l’ensemble des positionne­ments des maires, avec les points forts, les points faibles, etc. Le rôle du député c’est d’être un facilitate­ur, un communican­t. Un maire m’a dit récemment : j’attends d’un député qu’il porte mes dossiers, qu’il me défende. Non, ça, ce serait le rôle d’un député sans neurones. Je ne travaille pas comme ça. Mon rôle c’est de faire un diagnostic : rencontrer les institutio­nnels, les acteurs économique­s, les maires, vérifier que les process de consultati­ons citoyennes soient bien faits et vérifier que l’intérêt général est bien respecté. Les habitants ont besoin de transparen­ce sur les décisions qui sont prises et sur le processus de constructi­on de cette décision.

« Il faut gratter les informatio­ns, toujours ! »

Les associatio­ns opposées à l’a104 craignent que l’autoroute voie le jour de façon détournée par le biais des projets du Départemen­t (Pont d’achères, déviation de la RD154 à Verneuil, etc.). Qu’en pensez-vous ?

Nous n’avons pas eu de sollicitat­ions de leur part. Mais si demain elles le font, nous serons les premiers à les recevoir. On prendra note de l’ensemble des éléments et on fera un compterend­u.

Je crois que le maire de Poissy a demandé votre soutien pour obtenir des radars fixes dans sa commune…

En effet, la Ville de Poissy me dit qu’elle avait besoin de quatre radars. Nous avons rencontré le préfet Serge Morvan le 1er décembre avec cette demande. J’ai demandé au préfet qu’il m’explique les conditions d’attributio­n des radars. Il m’a expliqué qu’il y avait des statistiqu­es d’accidentol­ogie, de sécurité pour déterminer l’emplacemen­t. Je lui ai transmis le dossier que m’avait remis la mairie. En janvier, au moment des voeux, je demanderai au préfet où en est le dossier.

L’enquête publique sur le Tram 13 Express se déroulera du 8 janvier au 9 février. Le maire vous a demandé de le soutenir par rapport au tracé urbain, je crois ?

Je lui ai répondu. Il y a une enquête d’utilité publique qui va démarrer le 9 janvier. Elle va faire apparaître un certain nombre de choses et pas uniquement le problème des arbres dans la forêt qui vont être coupés, ni celui des maisons qu’on va raser… D’autres problèmes vont peut-être surgir. Tant que je n’ai pas les résultats de l’enquête d’utilité publique qui est censée préserver l’intérêt général, comment pourrais-je porter cette demande ? J’ai écouté les habitants, le sous-préfet, le préfet, Pierre Bédier, sur cette question. Il faut enquêter, voir les impacts, gratter les informatio­ns, toujours !

Avez-vous été sollicitée au sujet d’eole par les habitants qui demandent des protection­s phoniques ?

Le problème d’eole, ce n’est pas seulement la question des protection­s phoniques, c’est aussi la question du maintien du RER A jusqu’à 2030. C’est une question sur laquelle, en qualité de députée, je dois alerter.

Le maire de Poissy demande un changement de la loi NOTRE pour que les Villes puissent retrouver la compétence voirie actuelleme­nt entre les mains de la communauté urbaine. Qu’en pensez-vous ?

Nous n’avons pas reçu cette demande. Mais, nous allons faire une réunion le 2 février à Thiverval-grignon, avec tous les maires. Nous leur poserons la question. Ils nous ont surtout signalé de nombreuses difficulté­s par rapport à la loi SRU (logements sociaux, aménagemen­ts de voirie, stationnem­ent, etc.).

Sera-t-il question de la baisse des dotations de l’état ?

Concernant la dotation globale de fonctionne­ment, c’est la première fois en cinq ans qu’elle ne baisse pas. En 2018, elle augmente même de 0,4 point. La dotation d’équipement des territoire­s ruraux et la dotation de soutien à l’investisse­ment local ont fortement augmenté ces deux ou trois dernières années. Aujourd’hui, la DGF augmente et la dotation de soutien à l’investisse­ment local devient pérenne tout en l’augmentant. Après, il y a des appréhensi­ons par rapport à la taxe d’habitation et aux compensati­ons à l’euro près. L’état s’y est engagé. Les maires attendent de voter leur budget en mars, parce que la compensati­on interviend­ra à ce moment-là.

Le maire de Poissy dénonce le côté « prime aux mauvais élèves » du fonds de péréquatio­n au regard du potentiel fiscal des communes. Qu’en pensezvous ?

La façon législativ­e de répondre, c’est de dire : quand on n’est pas d’accord, qu’on considère que c’est injuste, on fait remonter les choses et on propose une modificati­on de la loi. Ensuite, sur le plan humain, il y a une question de solidarité. Le fonds de péréquatio­n sert à aider les communes qui sont les moins riches.

Les critères de calcul du fonds de péréquatio­n sont remis en question par les communes les plus riches. C’est quelque chose qu’il faut aller vérifier. Il faut regarder si l’indicateur produit réellement de l’injustice fiscale. J’ai l’intention de m’y pencher en sollicitan­t les services de Gérald Darmanin (ministre de l’action et des comptes publics).

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La députée Florence Granjus et sa collaborat­rice parlementa­ire, Nathalie Martin, à Poissy.

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