Le Courrier des Yvelines (Poissy)
«Les Heures sombres»
Cette année 2018 commence plutôt très bien en matière de performances d’acteurs. Après Jessica Chastain dans le bien nommé « Grand Jeu », Gary Oldman place la barre un peu plus haut encore, méconnaissable sous les traits de Winston Churchill. Une figure historique qui, comme Pablo Escobar, est actuellement très à la mode sur petit et grand écran, puisqu’on l’a vu dans la saison 1 de la série « The Crown », au début du règne d’elizabeth II, et le biopic éponyme sorti l’an dernier, qui se focalisait sur les instants qui ont précédé le Débarquement de juin 1944. Deux oeuvres dont « Les Heures sombres » se révèle complémentaire, car il remonte un peu plus le temps et nous transporte au début de la Seconde Guerre Mondiale. En mai 1940, plus précisément, lorsque ce pilier du Parlement anglais est nommé Premier Ministre. Et tandis que les troupes allemandes poursuivent leur conquête de l’europe, il se trouve confronté à un choix : négocier la paix ou se battre. Le tout en commençant par sortir les soldats de l’armée britannique du traquenard dans lequel ils se trouvent à Dunkerque. Un événement dont Joe Wright, qui l’avait déjà abordé le temps d’un plan-séquence virtuose dans « Reviens-moi » il y a dix ans, nous offre ici un autre point de vue, quelques mois après la sortie du film choc de Christopher Nolan. Et ce, comme bien souvent chez lui, avec une mise en scène très marquée, qui fait ici la part belle à l’alternance entre lumière et ombre, afin de souligner l’état dans lequel le pays, l’europe et même Churchill se trouvent. Quelques années après l’échec injuste de « Pan », il ne renoue pas totalement avec les sommets de son cinéma, la faute à quelques longueurs et une longue séquence de rencontre avec le peuple qui tire sur le gentillet, dans le dernier tiers. Mais il se rattrape grâce à quelques morceaux de bravoure, de l’ouverture au célèbre discours final, auquel il donne une dimension opératique, bien aidé par la musique. Et Gary Oldman, qu’il est bien difficile de reconnaître et qui éblouit sans donner dans la performance explicite. À tel point que beaucoup risquent de parler d’oscar à son sujet dans les semaines à venir, ce qui serait tout sauf immérité.