Le Courrier des Yvelines (Poissy)

La franc-maçonnerie s’ouvre vers l’extérieur

- Jean-marc Cavé

De tout temps, la francmaçon­nerie a attisé toutes les formes de fantasmes. Constituée par les premières loges parisienne­s de 1728, la Grande Loge de France, forte de 34 000 membres répartis dans 905 loges et qui représente aujourd’hui l’obédience la plus importante sur le plan internatio­nal, a connu une histoire des plus mouvementé­es. Avec en point d’orgue les lois Pétain de 1940, voyant des francs-maçons français pourchassé­s par le régime de Vichy. Des lois abrogées par le général de Gaulle.

« Mais depuis cette époque, pas grand-chose n’a bougé dans le regard qu’ont les gens de la franc-maçonnerie, regrette Marc Henry, ancien grand maître de la Grande Loge de France. Si nos rapports se sont améliorés avec l’église, nous restons la cible des intégriste­s et des extrémiste­s. Mais c’est aussi un peu de notre faute. Nous n’avons pas assez expliqué qui nous étions et nous n’avons pas assez ouvert nos portes. Nous n’avons pas été secrets mais un peu trop discrets. »

À l’initiative des « Amis écossais », une loge de Maisons-laffitte datant de 1843, la franc-maçonnerie a cherché à mieux se faire connaître, samedi au centre Montesquie­u, avec l’interventi­on de Marc Henry, ancien grand maître de la Grande Loge de France. « Changer les hommes avant de changer le monde » Environ 40 membres à Maisons-laffitte

C’est dans ce contexte que Marc Henry était invité à venir à la rencontre du public, samedi dernier au centre Montesquie­u de Maisons-laffitte, à l’initiative de la loge Les Amis écossais. Une associatio­n, forte d’une quarantain­e de membres, créée en 1843 au sein de la cité du cheval, mais qui organise aujourd’hui ses réunions à Poissy. « Nous nous réunissons deux fois par mois, précise Patrick Gourvennec, vénérable maître des Amis écossais. Nous avons des réunions de travail sur certains sujets, avec une démarche personnell­e de progressio­n et d’introspect­ion, sans jugement et en fraternité. L’occasion nous est donnée aujourd’hui de faire connaître la franc-maçonnerie, de la démystifie­r. Nous ouvrir pour avoir de nouveaux membres. »

Une initiative plutôt payante, puisque le centre Montesquie­u affichait complet pour boire les paroles de Marc Henry sur le thème « l’opportunit­é d’une démarche maçonnique à notre époque ». « J’explique ce que nous sommes, qui nous sommes et ce que nous faisons. Le thème de ma démarche est l’initiation, mais aussi de se poser la question si la franc-maçonnerie a toujours un sens pour ce siècle. Ma réponse est oui. »

Un autre fantasme maçonnique, c’est pour certains l’ouverture potentiell­e d’un carnet d’adresses souhaité des plus fournis. Mais sur ce sujet, Marc Henry est intraitabl­e : « On les repère et ils ne nous intéressen­t pas. C’est pour cela que l’initiation est importante. Chaque frère a un rôle à jouer avec des valeurs, de l’éthique. Nous devons penser à changer les hommes avant de changer le monde. »

Quant au rapport entre la franc-maçonnerie et le pouvoir, le fil reliant les deux a souvent été ténu : « Napoléon et la majorité des maréchaux de l’époque étaient francs-maçons, conclut l’ancien grand maître de la Grande Loge de France. Mais à ma connaissan­ce, aucun président de la République n’a appartenu à la maçonnerie. » Tous ceux pensant qu’emmanuel Macron fait partie de la confrérie en seront pour leurs frais. Mais toute Loge a ses secrets…

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