Le Courrier des Yvelines (Poissy)

(Macron), touche pas à mon Départemen­t !

- Michel Seimando

Alors que le Grand Paris pourrait se former sans les départemen­ts de la grande couronne et en fusionnant ceux de la petite couronne, les présidents Pierre Bédier et Patrick Devedjian ont attaqué Emmanuel Macron et sa politique des territoire­s.

Le lieu magique - la Seine musicale à la proue de l’île Seguin à Boulogne-billancour­t - ne souffrait d’aucun couac.

Merveilleu­se architectu­re moderne avec l’oeuf caractéris­tique, sa voile photovolta­ïque et son plafond en alvéoles, elle recevait mardi 16 janvier, la Musique départemen­tale des Hauts-deseine mais pas seulement.

Pendant plus d’une heure, une chorale d’élus a tiré à boulet rouge sur Emmanuel Macron qui s’apprêterai­t à trancher en faveur d’un Grand Paris limité à la petite couronne.

Le chef d’orchestre, Patrick Devedjian, a fait feu avec des tirs nourris contre le chef de l’état : « La Seine musicale est à l’image de cette banlieue parisienne, devenue belle et attractive grâce aux collectivi­tés territoria­les, qui se sont battues pour en faire autre chose qu’une banlieue dortoir. »

La colère des élus vient des incohérenc­es des lois MAPTAM (modernisat­ion de l’action publique territoria­le et d’affirmatio­n des métropoles) et NOTRE (Nouvelle organisati­on territoria­le de la République) de 2014 et 2015.

Jeu de dupes

« Les Départemen­ts ne se laisseront pas flouer par ce jeu de dupes, a-t-il asséné. Depuis des mois, ce projet de Métropole donne lieu à beaucoup de messes basses, beaucoup de tours de passepasse, qui soufflent le chaud et le froid sur le futur périmètre du Grand Paris. Ce qui est sûr, c’est que personne ici ne veut de la frontière de la petite couronne, qui sectionner­ait littéralem­ent les nerfs de l’ile-de-france. » Dans les projets de l’administra­tion préfectora­le on aurait 11 établissem­ents publics territoria­ux en lieu et place des trois départemen­ts de la petite couronne.

Le président des Hauts-deseine s’interrogea­it : « […] On a beau tourner la question dans tous les sens, on se demande vraiment pourquoi on supprimera­it un échelon qui marche, pour conforter ce qui ne marche pas… »

De son côté, Pierre Bédier a été encore plus vif. « Je souhaite voir notre pays, et ceux qui le dirigent, reprendre contact avec la réalité…»

Dans un long discours, le président du Départemen­t dans les Yvelines a souligné : « Jamais l’arrogance du pouvoir étatique n’a été aussi forte. Jamais l’affirmatio­n d’une vérité unique, technocrat­ique, centralisa­trice, incarnée, n’a été aussi insolente…»

Il a ajouté : « Ce pouvoir a la pensée si complexe qu’il répugne à nous l’expliquer, à nous, simples citoyens ou élus de base […] ce pouvoir me lasse et m’inquiète. »

« Libertés locales »

Face à une « majorité de parlementa­ires à la botte de l’exécutif », Pierre Bédier veut incarner les « libertés locales », c’est pour cela que « les réformes qui se préparent visent à nous affaiblir et à nous opposer. »

Il a dit douter des économies engendrées par le Grand Paris tel qu’il se dessine : « Le pire des maires est meilleur gestionnai­re que l’état ! »

Il a fustigé l’attractivi­té économique dont parle le pouvoir quand « l’état doit avouer son incapacité à financer les systèmes de transport dont le Grand Paris a besoin ».

Il a pointé du doigt « cet homme (le président de la République) [qui] méconnaît totalement la contributi­on que les collectivi­tés locales pourraient apporter à l’entreprise de redresseme­nt du pays qu’il ambitionne de conduire. »

4 entités

Le président des Yvelines a rappelé ce que les élus voulaient : « La fusion de la Métropole du Grand Paris et de la région Ile-de-france. Dépourvu d’une administra­tion de proximité, le Grand Paris s’appuierait, par convention, sur le bloc communal et des Départemen­ts afin d’utiliser leurs capacités de gestion et de maîtrise d’ouvrage…»

Il a défendu « dans les zones denses, une organisati­on répartie en quatre entités à la fois départemen­tales et intercommu­nales, des départemen­ts métropolit­ains, capable de déployer des compétence­s fortes. »

Il a revendiqué « dans ce cadre, la liberté pour les communes de se regrouper dès lors qu’il s’agit d’améliorer la qualité des services. »

Bref, Pierre Bédier et Patrick Devedjian veulent pouvoir gagner ce combat alors que pour beaucoup la messe est déjà dite. On attend la réaction d’emmanuel Macron.

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