Le Courrier des Yvelines (Poissy)
2 et 3 ans de prison ferme pour les trois voleurs de bijoux
Ils pensaient que nier les faits était leur meilleure défense. Jusqu’au bout, Richy et Alaya (23 ans) ont clamé leur innocence devant le tribunal correctionnel de Versailles, le 17 janvier. Oui, ils ont déjà été condamnés pour des vols. Le duo est d’ailleurs actuellement incarcéré pour plusieurs mois à la maison d’arrêt de Bois-d’arcy pour avoir participé ensemble à un cambriolage en novembre dernier. Mais non, ils n’étaient pas à Orgeval cette nuit du 12 au 13 mai 2017. Non, encore, ils n’ont pas participé au vol de bijoux, d’une valeur de 45 000 €, commis ce jour-là. Et non, enfin, ils ne connaissent pas Kendji (22 ans), formellement identifié comme étant l’un des auteurs du cambriolage du pavillon de l’allée de l’oseraie.
Ce dernier a d’ailleurs reconnu les faits dès sa garde à vue. Lui aussi affirme ne pas connaître ses deux compagnons de box. Il prétend également avoir agi seul. « Pourquoi avez-vous choisi cette maison ? »,a d’abord interrogé la juge. « C’était la plus belle, a répondu Kendji, un sourire au coin des lèvres. J’ai utilisé un pied de biche. » Les premières constations ont permis d’établir que le ou les malfaiteurs avait fracturé par pesée la porte du sous-sol puis forcé la porte donnant accès au logement. « Et les bijoux ? », a poursuivi la présidente du tribunal. « Ils étaient dans la salle de bains. Je les ai vite revendus pour 1 800 € et un ordinateur portable. » « À qui ? », a enchaîné la juge. « Ça ne se dit pas, ça », a coupé court Kendji.
Quels indices ont conduit les enquêteurs vers ce trio et quelles preuves ont-ils accumulé pour les confondre, malgré les dénégations de deux d’entre eux ?
Pour Kendji, originaire de Cergy (Vald’oise) et actuellement incarcéré pour plus d’un an après une tentative de vol, la cause a été vite entendue. L’immatriculation de son Audi A6 a été immortalisée par une caméra de vidéosurveillance de la Ville, postée rue Maison-blanche, à deux pas du pavillon visité. Les images laissent aussi apparaître la présence de trois hommes cagoulés dans l’habitacle. Il y a enfin son téléphone, enfin celui de ses parents, qui a borné dans le secteur à l’heure supposée des faits. Qui sont ses complices ?
Un long et méticuleux travail de téléphonie commence alors. Près de huit mois d’enquête, d’écoutes et de recoupements. Parmi les trois interlocuteurs « préférés » de Kendji, deux hommes sont rapidement suspectés. Leurs mobiles respectifs ont également borné à Orgeval ce soir-là. L’examen des fadettes montre aussi que leurs téléphones et celui de Kendji ont été géolocalisés à Port-marly plus tôt dans la soirée. À l’heure exacte où l’audi A6 de Kendji a été flashée par un radar. La voiture était probablement en route vers Orgeval, ce qui accrédite la thèse du coup monté.
« Ce travail extrêmement précis nous permet d’avoir des certitudes. Les trois lignes ont activé les mêmes relais »,a d’ailleurs relevé le procureur de la République.
Malgré l’évidence, Alaya et Richy ont nié inlassablement. « Ce n’est pas mon numéro de téléphone ! », a soutenu le premier. Pas de chance. En mars 2017, lorsqu’il est interpellé dans le cadre d’une autre affaire, c’est exactement ce même numéro qu’il a donné à des policiers. Richy, lui, jure qu’il était à Vendeuvre-sur-barse (Aube) ce soirlà. « J’habite là-bas. Je reviens sur Paris depuis quelques mois, et seulement pour travailler. » Mais pas de chance, là encore. Richy possède un téléphone à double emplacement SIM. Ce mobile a été identifié dans le cambriolage de novembre 2017 commis avec Alaya. C’est le code IME de ce même téléphone qui a activé les relais d’orgeval et Port-marly.
« Nous sommes face à un vol avec effraction, de surcroît préparé et commis en réunion par des hommes aux casiers judiciaires chargés et multirécidivistes pour deux d’entre eux. Le préjudice pour les victimes est également lourd », a détaillé le ministère public avant de réclamer 36 mois pour Kendji et Alaya et 24 mois pour Richy. Une relaxe, pour les deux derniers, a été plaidée par la défense. Sans conviction…
Le tribunal a finalement suivi à lettre les réquisitions du procureur. « Alors maintenant, on condamne des innocents ! », a lancé Alaya avant de quitter la salle d’audience. Pour ne pas perdre la face ?
45 000 euros de bijoux dérobés dans le pavillon Innocents ? Les analyses téléphoniques prouvent le contraire