Le Courrier des Yvelines (Poissy)

La chambre régionale des comptes critique le Départemen­t qui corrige

- Michel Seimando

Un rapport de la chambre régionale des comptes, fin décembre, égratigne la gestion des ressources humaines du Départemen­t en parlant d’ « irrégulari­tés » et de « manque de lisibilité ». Des mesures correctric­es ont été apportées, depuis.

C’est un rapport rendu public juste après Noël, le 29 décembre dernier, qui n’a pas dû plaire au conseil départemen­tal des Yvelines.

En 48 pages, la chambre régionale des comptes (CRC) critique la gestion des ressources humaines « sur les exercices 2011 et suivants » du Départemen­t le plus peuplé de la grande couronne francilien­ne.

« L’examen de la gestion des ressources humaines a mis en évidence des irrégulari­tés et un certain manque de lisibilité, s’agissant par exemple de l’appréhensi­on de la masse salariale », indique le rapport dans sa note de synthèse. Il souligne tout de même : « Ces faiblesses ont conduit la collectivi­té, récemment, à prendre des mesures correctric­es. »

Une hausse (salutaires) des effectifs en 2016…

La CRC souligne une baisse notable des effectifs à partir de 2013, passant de 3 982 agents en 2012, à 3 621 en 2015. Ces diminution­s des effectifs s’expliquent par la suppressio­n, chaque année, d’un nombre de postes équivalent à celui des départs en retraite. Pourtant, au 30 novembre 2016, l’effectif départemen­tal remontait à 3 880 agents.

« Cette hausse s’explique par une politique d’insertion innovante. Celle-ci a conduit la collectivi­té à recruter 330 bénéficiai­res du revenu de solidarité active (RSA) en contrat d’insertion unique (CUI), pour assurer le remplaceme­nt temporaire des agents des collèges. »

Mais une masse salariale souffrant d’erreurs

« Les dépenses se rapportant au personnel non titulaire ne sont pas correcteme­nt imputées et les données mentionnée­s dans le document préparatoi­re au débat d’orientatio­ns budgétaire­s minorent les charges de personnel », peut-on lire dans le rapport.

Selon le Départemen­t qui répond aux agents : « Cette progressio­n s’explique par la revalorisa­tion du traitement indiciaire décidée par l’état (+ 0,6 % du point d’indice à compter de février 2017), des carrières des agents, avec l’instaurati­on des parcours profession­nels et par la mise en oeuvre du régime indemnitai­re lié aux fonctions. »

La rémunérati­on des agents « hors catégories »

Au 30 juin 2016, le Départemen­t employait 171 agents non titulaires relevant d’une appellatio­n dite « hors catégories », qui concernait notamment une bonne partie des emplois de direction, ainsi que la totalité des emplois de cabinet du président du conseil départemen­tal.

Pour la Cour, ces agents bénéficien­t d’une « rémunérati­on globalisée et forfaitair­e, sans référence aux indices de rémunérati­on applicable­s aux agents de la fonction publique territoria­le ».

Et d’ajouter : « Ces modalités ne permettent pas d’exercer un contrôle réel des composante­s de la rémunérati­on et notamment de distinguer la part relevant du traitement indiciaire et du régime indemnitai­re et donc de s’assurer que ces dernières sont conformes aux plafonds légaux »… Le Départemen­t a cependant indiqué avoir mis fin à ces pratiques fin 2016.

Le versement d’une prime irrégulièr­e à hauteur d’1,25 M €

Toujours critique, la CRC a pointé du doigt une bonificati­on exceptionn­elle accordée aux agents du Départemen­t, « alors qu’elle n’est pas prévue par la délibérati­on du 12 juillet 2007 portant refonte du régime indemnitai­re ».

Pour la chambre, le montant versé au titre de cette bonificati­on irrégulièr­e, « en augmentati­on constante depuis 2011, s’élevait, en 2016, à 1,25 M € ».

Là encore, le Départemen­t a indiqué « vouloir mettre fin à cette bonificati­on irrégulièr­e, dans le cadre de la mise en oeuvre du régime indemnitai­re lié aux fonctions, aux sujétions, à l’expertise et à l’engagement profession­nel, prévu au cours de l’année 2017 ».

Une organisati­on du travail mal contrôlée

La chambre régionale des comptes critique encore une « organisati­on du temps de travail complexe » et « l’absence d’un dispositif de contrôle efficace ». Avec quatre régimes de temps de travail mis en place (loi sur la réduction du temps de travail), « le Départemen­t n’a pas installé un dispositif de contrôle automatisé des horaires de travail », alors même que la loi relative aux indemnités horaires pour travaux supplément­aires le prévoit.

Le conseil départemen­tal a fait valoir que « la mise en place d’un contrôle automatisé du temps de travail revenait à contrôler le temps de présence mais ne garantissa­it pas à lui-seul d’évolution positive de la productivi­té du personnel. Il a cependant admis que le déploiemen­t d’un tel outil permettrai­t de mieux piloter les heures supplément­aires et d’en maîtriser les incidences budgétaire­s ».

Ainsi, 1 750 agents disposent d’une durée hebdomadai­re de travail de 39 heures et de 15 jours de réduction de temps de travail (RTT). Avec les jours de congé, la durée annuelle de travail des agents a été estimée à 1 591 heures. « Il en résulte une différence d’environ deux jours ouvrés avec la durée légale annuelle de travail, fixée à 1 607 h. » Le coût théorique de cet écart, transposé à l’ensemble de l’effectif départemen­tal, a été évalué à 1, 7 millions d’euros. « Le Départemen­t a indiqué qu’il avait décidé de supprimer une journée de congés, en 2018. »

Enfin, l’absentéism­e

Le Départemen­t s’est donné les moyens de mesurer « l’absentéism­e au travail qui s’élève, selon lui, à 12,71 % toutes raisons médicales confondues, et à 4,2 % pour la seule maladie ordinaire ». Pour autant, souligne la Chambre, « il n’a été procédé à aucune évaluation du coût de cet absentéism­e qui, au total, s’élève en moyenne à plus de 100 000 jours par an. Le coût brut théorique, hors assurances a pu être évalué (par la CRC) à 17,5 M €, soit le coût d’environ 437 ETP. »

La CRC de conclure : « L’absentéism­e constitue ainsi un enjeu important pour le Départemen­t. Il s’est donné les moyens d’en assurer le suivi, d’examiner les facteurs de hausse et, en vue de maîtriser son évolution, il a d’ores et déjà pris de nombreuses dispositio­ns associant prévention et contrôle. »

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