Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Les magistrats plaident pour des moyens
Le tribunal de grande instance et la cour d’appel de Versailles ont procédé à leurs audiences solennelles, la semaine dernière. L’exercice permet de prendre le pouls de la justice des Yvelines.
L’audience solennelle du tribunal de grande instance de Versailles s’est tenue la semaine dernière. À cette occasion, le procureur de la République, Vincent Lescous a souhaité réaffirmer son soutien aux forces de l’ordre. Faisant référence aux événements de Champigny-surmarne, et au passage à tabac de deux policiers, le 1er janvier, le magistrat a insisté : « Vous trouverez toujours dans ce parquet une réponse pénale ferme et déterminée face aux violences et aux mis en cause ».
Vincent Lesclous a également salué la directrice adjointe de la prison pour mineurs de Porcheville, « violemment agressée par un jeune détenu ». En novembre dernier, l’adolescent avait porté ses poings sur elle.
Pour les gardiens de prison
Poursuivant sur ce chemin, et à la lumière des différents mouvements de protestation, Vincent Lesclous a plaidé pour les gardiens de prison. « Les fonctionnaires assurent la gestion de la population pénale avec un vrai professionnalisme, trop souvent ignoré hors les murs. Qu’ils soient assurés de notre estime et de notre confiance. »
Face à son pire ennemi, « le manque de temps », Vincent Lesclous a plaidé pour une organisation rigoureusement millimétrée du travail de ses substituts. Et ce, alors que le nombre de procédures reste stable.
Dans ce sens, le procureur aspire à la mise en place d’un site commun au parquet, à la police et à la gendarmerie. « Il permettrait un partage documentaire et un travail collaboratif, source de qualité et d’économies. J’essaie en vain, depuis trois ans, de le faire créer. »
Côté cour d’appel, dans les jours suivants, on a partagé cette dynamique de soutien aux forces de l’ordre et aux surveillants pénitentiaires. « Nous devons engager une réflexion sur la peine et le rôle de la prison face à la surpopulation carcérale », a soutenu la première présidente par intérim, Véronique Boisselet.
Des difficultés
Tout en déplorant des délais plus ou moins long dans l’issue des affaires, la magistrate a largement pointé du doigt les difficultés des personnels de justice.
Par le menu, elle a évoqué des pannes informatiques nationales paralysantes, plusieurs jours d’attente avant le remplacement des appareils ou encore une succession très chargée des procès.
Des insolites
Pour autant, les affaires ont été traitées : l’assassinat de Pico à Magny-les-hameaux. Plus insolite, en 2017, la cour d’appel de Versailles a également tranché dans une affaire de mariage à Las Vegas, sur un site vendant des médicaments ou encore sur la construction d’un hôtel à Bora-bora, en Polynésie française. « Nous intervenons vraiment dans tous les domaines de la vie quotidienne », s’est amusée Véronique Boisselet.
Sur les moyens de la justice, l’avocat général a partagé son point de vue. « Notre état est connu et admis : nous manquons de fonds et de personnels. Il y a deux fois plus de magistrats dans les pays voisins de l’europe ! Nous sommes tous témoins de ces insuffisances. Il ne faudrait pas que cela décourage les jeunes magistrats, dans leur vision idéale de la justice confrontée à la lourdeur du travail. »
Cette dernière audience solennelle a permis l’installation du nouveau procureur général, Véronique Malbec (ci-contre).
Véronique Malbec est originaire du ressort de Rennes. Elle succède à l’ancien procureur général Marc Robert, parti à la retraite après 41 années de travail et 21 gardes des Sceaux qui se sont succédé tout au long de sa carrière.
La nouvelle magistrate a fixé un cap.
En interne : toujours apporter son aide face aux situations délicates, apporter un soutien dans les aspects juridiques, techniques ou lors d’affaires sensibles et médiatiques et optimiser les méthodes de travail.
En externe : Véronique Malbec a redit sa volonté d’une action déterminée contre les violences du quotidien, les stupéfiants, la délinquance économique et financière ou encore la cybercriminalité, les dérives communautaires et la radicalisation. « Les justiciables sont exigeants. Ils ont raison. Et nous ne devons pas les décevoir. »
Aux parlementaires présents lors de cette cérémonie, le procureur général a adressé un message. « Vous votez les lois, mais aussi les crédits. Nous comptons sur vous ! »