Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le patron du bar avait réglé son compte au client ivre qui le menaçait

- Da. G. (*) Les prénoms ont été modifiés.

« Il a poussé Gérard (*). Alors Gérard lui a mis un pain ! » Voilà l’une des déclaratio­ns recueillie­s par les gendarmes, le 20 juillet dernier vers 15 h 30 auprès d’un témoin, peu après leur arrivée dans une brasserie de la rue de Paris à Houdan. Gérard était à l’époque le patron du « Paris ». Il a revendu depuis son établissem­ent, qu’il tenait depuis 2005.

Les militaires se sont déjà rendus sur les lieux une heure et demie plus tôt. Un habitué du commerce, fortement alcoolisé, avait semé la zizanie en terrasse. C’est à son domicile, distant d’une cinquantai­ne de mètres, que les gendarmes avaient retrouvé Hervé (*), 52 ans. Une simple visite de courtoisie. On lui avait conseillé de rester bien sagement chez lui, le temps de dessaouler. L’incident semblait clos.

Lorsque les militaires recroisent Hervé, quatre-vingt-dix minutes plus tard, l’homme gît au sol à l’intérieur de la brasserie, à moitié inconscien­t et en sang. Il souffre entre autres d’une fracture du nez, d’une côte cassée et l’une de ses arcades sourcilièr­es a explosé. Son ivresse, elle, a atteint des sommets. Son taux d’alcoolémie sera mesuré à 5,2 grammes dans le sang. À ce niveau, il aurait dû être déjà en coma éthylique. Mais ce n’est pas tout. On a retrouvé également des traces de cocaïne dans son organisme.

Que s’est-il passé ? Peu après la visite des gendarmes, Hervé a fait son retour à la terrasse du « Paris ». Il avait encore soif visiblemen­t. Vu son état, on refuse naturellem­ent de le servir. En revanche, on lui demande de régler la bouteille de whisky qu’il a largement vidée depuis le début de l’après-midi. Le ton monte.

Hervé menace alors de faire la caisse puis monte sur le comptoir. Gérard l’en déloge manu militari en le poussant. La chute est lourde. Mais Hervé se relève. Le visage ensanglant­é, il fait le tour du comptoir pour en découdre cette fois physiqueme­nt avec Gérard. Le patron de la brasserie pare l’assaut puis enchaîne quatre coups de poing. Cette fois, Hervé est étendu pour le compte. « J’ai eu peur pour les clients et mes employés, a raconté Gérard, le 24 janvier à la barre, lors de la comparutio­n d’hervé devant le tribunal de Versailles pour violences, menaces et tentative de vol. Il ne m’a pas laissé d’autres choix que de me défendre. »

S’il a admis s’être « mal comporté », le prévenu a surtout fait remarquer au tribunal qu’il était la principale victime. « On m’a laissé dans mon sang », a dénoncé le jeune quinquagén­aire, tombé dans les excès après un burn-out profession­nel suivi d’une séparation douloureus­e.

5 grammes d’alcool dans le sang « Il ne m’a pas laissé d’autres choix que de me défendre »

« Vous aviez tout loisir de déposer plainte pour qu’il y ait une enquête, a répondu la présidente. Aujourd’hui, c’est vous qui êtes poursuivi. » Là encore, Hervé a tenté de renverser les rôles. « Je ne l’ai pas violenté, je n’ai fait que le bousculer. La preuve, il n’a pas été blessé. »

Hervé oublie sans doute que les gendarmes, ce jour-là, ont eu affaire à lui une troisième et dernière fois. Il était 20 h 30. Sa tante venait d’alerter les militaires. Il avait sorti un pistolet à plombs et hurlait qu’il allait « buter le patron du bar ». L’arme a été saisie.

Hervé a finalement été condamné à 3 mois de prison avec sursis. Le procureur de la République n’avait réclamé que 1 000 € d’amende (dont 500 € avec sursis).

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