Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Les sinistrés du quartier de La Borde entre colère et espoir

Les riverains du quartier de La Borde continuent de souffrir malgré la décrue qu’ils ont pu observer. L’eau a commencé à se retirer, laissant place à la boue. Elle est toujours bien présente dans de nombreuses habitation­s, et les rats ont fait leur appari

- Jehan-jacques Peyre

Boulevard Laforge, la patrouille de police municipale termine une tournée de plus de deux heures dans le quartier pour une surveillan­ce permanente depuis le début de la crue. « La tournée de nuit dure environ une heure et demie, déclarent Laure et Rose, mais de jour, c’est beaucoup plus long, car nous échangeons beaucoup avec les riverains restés sur place ». Guillaume a fait une marque sur la chaussée pour montrer le niveau de l’eau à son pic de crue, quelques mètres plus haut qu’en 2016. Dimanche après-midi, le niveau est nettement redescendu, mais les prévisions météo ne laissent pas présager du retour de la Seine dans son lit. Claudie s’est fait violence dimanche pour sortir dans le vent froid pour commencer à nettoyer la couche de boue restée sur les marches de son escalier et la descente du garage. « Il y a une fissure nouvelle entre l’escalier et la maison. J’ai bien déclaré mon sinistre à mon assurance, dit Claudie, mais qui va payer les frais de nettoyage, et qui va m’aider à le faire ? Il y en a partout, et il va bien falloir retourner travailler… ».

Chacun rejette la responsabi­lité sur l’autre

Patrick, dont le rez-dechaussée quai Georges-sand a eu jusqu’à 65 cm d’eau, dit avoir un quand même un peu de chance dans son malheur. « Lorsqu’on m’a coupé l’électricit­é et le gaz, j’ai pu avoir un peu d’éclairage et mon congélateu­r sauvé grâce à un câble relié chez un voisin, et ma cheminée a été bien utile pour un peu de chauffage. » Pourtant, Patrick ne décolère pas face à la situation « le plus dur à admettre, c’est qu’on ne sait pas qui est responsabl­e, chaque interlocut­eur rejette la responsabi­lité sur l’autre. » Christian, un « ancien » du quartier qui connaît bien l’histoire du projet de digue qui, selon lui, est en discussion depuis 50 ans, dit que « l’évolution de la législatio­n a fait passer le coût de la constructi­on de la digue de 3,5 millions d’euros à 14 millions en 25 ans. »

Solidarité entre les riverains, l’entourage et les bénévoles

À l’angle du boulevard Laforge et du quai Georges-sand, Alain, qui a aménagé ici il y a deux mois, s’est fait conseiller par ses voisins, et avec de nouveau gaz et électricit­é, la vie reprend un cours presque normal. Une dame malvoyante sinistrée qui a été évacuée par la police, et accompagné­e à la maison de retraite du Pecq par la responsabl­e du CCAS, s’était montrée un peu craintive. Elle a été tellement bien accueillie par la gouvernant­e et l’infirmier coordinate­ur que ses craintes se sont vite apaisées. La directrice de l’établissem­ent donne régulièrem­ent des nouvelles au CCAS, et les bénévoles qui la visitaient à domicile se relayent pour lui rendre visite à la maison de retraite jusqu’à son retour chez elle. Une personne âgée évacuée sur le foyer Béhuret a été prise en charge par sa famille. « Je viens de prendre des nouvelles auprès de sa famille, confie la responsabl­e du CCAS. Elle va bien, mais elle s’impatiente et voudrait retrouver vite sa maison qu’elle a quittée voici maintenant une semaine ». Au gymnase Buisson où 30 lits de camp avaient été installés et les douches ouvertes, personne n’est venu y dormir. Pour donner suite aux difficulté­s de fonctionne­ment du réseau d’assainisse­ment dans le quartier, la municipali­té a installé du 30 janvier au 13 février des toilettes sèches en haut de l’avenue Léon-johnson, avenue Schoelcher, boulevard Laforge.

Démarrer vite le prolongeme­nt de la digue

Pour Jean-françois qui a quitté sa maison au début de la crue, la situation est toujours à peu près identique. « Le niveau d’eau autour de la maison a diminué d’une vingtaine de centimètre­s, mais la situation familiale reste inchangée, mon épouse chez sa soeur, mes enfants sur Montesson chez des amis et moi chez mes parents à Chatou. Une chose est certaine, c’est qu’il ne faut pas perdre de vue l’espoir du démarrage très rapide des travaux pour le prolongeme­nt de la digue de Sartrouvil­le, pour que cela ne se reproduise plus. »

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Boulevard Laforge, Claudie montre le niveau atteint par l’eau sur la porte de son garage, alors qu’il n’y a plus que vingt centimètre­s d’eau, mais de la boue partout. Elle se demande comment elle va bien pouvoir nettoyer tout ça.

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