Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le papa pressé finit sa route au tribunal
Coupable ? Faouzi (38 ans) s’est défendu bec et ongles face aux juges du tribunal correctionnel de Versailles, le 31 janvier, pour prouver son innocence, malgré les apparences. Poursuivi pour refus d’obtempérer, exposant directement un policier à un risque, et menaces de mort à l’encontre de ce même fonctionnaire, ce père de quatre enfants a finalement été condamné à 6 mois de prison ferme et à une suspension de permis d’une durée de 12 mois. Eu égard à sa situation familiale, les juges n’ont pas assorti leur décision d’un mandat de dépôt.
Le motard de la police sort son arme pour stopper le conducteur dangereux
Pour le gardien de la paix qui l’avait intercepté la veille à proximité du carrefour de la Marmite, à Limay, les faits sont d’une clarté limpide. Il est 10 heures ce matin-là. Une patrouille motocycliste de la police repère un Renault Scénic roulant à vive allure sur la D146. L’un des fonctionnaires, sirène hurlante et lumières clignotantes, prend aussitôt en chasse la voiture, qui s’engage bientôt sur la bretelle d’accès à la D983. Là, le conducteur franchit plusieurs fois la ligne blanche pour dépasser plusieurs automobilistes, obligeant les voitures circulant en sens inverse à des manoeuvres aussi délicates que dangereuses. Ce gymkhana doit cesser.
Le motard de la police a raconté s’être alors porté à la hauteur de la voiture folle, demandant au conducteur de s’arrêter. Ce dernier aurait ralenti puis finalement refusé d’obtempérer, accélérant à nouveau. C’est là que le gardien de la paix, après une brève nouvelle course-poursuite, a dégainé son arme de service pour stopper l’automobiliste. L’homme au volant, c’est Faouzi. D’après le policier, il aurait refusé de descendre, puis proféré des menaces, en arabe. « Qu’allah te fasse payer ton arrogance, ici ou dans l’au-delà. » Fin de l’histoire et direction le commissariat, puis le tribunal, dès le lendemain.
L’accusé donne une version des faits différente de celle du gardien de la paix
« Ça ne s’est pas du tout passé comme ça ! a souligné avec force conviction le prévenu face aux juges. Le seul truc vrai, c’est la vitesse. Oui, j’ai l’habitude de rouler un peu trop vite. Ce matin-là, j’étais en retard. Je devais aller acheter de la viande pour le baptême musulman de ma dernière fille. Mais je n’ai jamais fait ces dépassements dangereux. » « J’ai été abasourdi quand j’ai lu le PV du policier, poursuit Faouzi. En fait, il est arrivé et m’a directement braqué. J’ai flippé. Je ne voulais pas le suivre dans ces conditions. Je voulais qu’il me contrôle là où on était arrêtés. Il m’a alors dit : Il m’a tutoyé, parlé en arabe directement. Et c’est lui qui m’a menacé. »
Parole contre parole donc. Sauf qu’un témoin a corroboré les déclarations du gardien de la paix. Il s’agit d’un fonctionnaire du ministère de l’intérieur, alors en chemin pour faire ses courses. « On oublie parfois le conditionnel dans un tribunal, a fait remarquer ensuite Maître Frédéric Landon dans sa plaidoirie. Il y a deux vécus, deux perceptions différentes des faits. Pourquoi aurait-il voulu se soustraire au contrôle ? Ça n’a pas de sens. »