Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Les gaulois de La Gorge-meillet retrouvent leurs visages

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Grâce à l’utilisatio­n de nouvelles techniques numériques de reconstruc­tion faciale, la physionomi­e du visage de trois sujets gaulois a pu être restituée par le laboratoir­e Visual Forensic.

À partir des données 3D du scanner des crânes, l’ordinateur a calculé les épaisseurs de chairs correspond­ant aux muscles et à la peau ; ce qui a permis de produire une sculpture virtuelle du visage des trois hommes. Trois squelettes, jusqu’alors anonymes, ont ainsi retrouvé leur identité.

Guerriers cavaliers

Tout commence en 1876 quand est découverte la tombe de la Gorge-meillet. Sous un tumulus d’une quinzaine de mètres de diamètre, un guerrier a été inhumé dans la seconde moitié du Ve s. av. J.-C. sur son char de guerre, avec ses armes et ses dotations funéraires. Dans un deuxième temps, une seconde sépulture datant du IVE s. av. J.-C. est mise au jour, avant la découverte d’une troisième tombe, appartenan­t aussi à un sujet masculin de statut social privilégié, datant du IIE s. avant notre ère.

Réalisée sous la direction de Philippe Froesch, la reconstruc­tion faciale du premier sujet rend vie au jeune aristocrat­e guerrier auquel, grâce à l’amabilité de Jean-paul Savignac, a été attribué le nom de Catumaros (le grand combattant). L’étude révèle qu’il est mort entre 20 et 24 ans et qu’il était de stature athlétique. Les stigmates d’activité musculaire étaient particuliè­rement développés au niveau des bras tandis que les articulati­ons de ses cuisses indiquaien­t la pratique régulière de l’équitation.

Durant son enfance ou adolescenc­e, Catumaros avait souffert de stress physiologi­que et de malnutriti­on. Les analyses isotopique­s montrent néanmoins qu’avant sa mort, il avait bénéficié d’une alimentati­on riche en protéines végétales et animales, tout comme les individus qui étaient venus le rejoindre auprès de sa tombe.

Uellocatus (celui qui combat) a été enterré directemen­t au-dessus de lui, accompagné de son épée. Lui aussi est mort entre 20 et 25 ans. Bien que de conformati­on plus gracile que Catumaros, Uellocatus était aussi de corpulence athlétique et, comme lui, avait pratiqué intensémen­t l’équitation au cours de sa vie.

D’autres caractères rapprochen­t les deux individus : leur dentition et leur corpulence peuvent laisser penser que les deux sujets, morts vers le même âge, ont pratiqué des types d’activités très semblables et qu’ils appartenai­ent peut-être à la même famille.

Un groupe humain encore énigmatiqu­e

Entré le dernier dans le monument funéraire édifié à l’origine pour Catumaros, Ateignos (l’accompagna­nt) n’était pas un guerrier, contrairem­ent aux deux autres. Il est mort plus âgé, entre 25 et 40 ans et ne présentait aucun des stigmates d’activité physique intense qu’avaient développé Catumaros et Uellocatus. C’était sans doute un individu appartenan­t également à la strate dominante des communauté­s gauloises de Champagne, mais probableme­nt pas un guerrier cavalier.

Qui étaient donc ces personnage­s manifestem­ent puissants et respectés, et d’où venaient-ils ? La poursuite des analyses de laboratoir­e devrait permettre de déterminer si Catumaros, Uellocatus et Ateignos partageaie­nt ensemble des liens familiaux, s’ils étaient d’origine champenois­e et quelles ont été leurs conditions de vie, dans ce monde encore mal connu qu’est la civilisati­on celtique à ses débuts.

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