Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le monoxyde de carbone : un danger invisible

- Michel Seimando

Une fois par mois, le groupement Prévention des pompiers des Yvelines nous rappelle les gestes de bon sens à prendre chez soi pour éviter les dangers domestique­s qui finissent parfois en drames. Cette semaine, le danger invisible du monoxyde de carbone.

Deux mystérieus­es lettres pour désigner un gaz : le CO. Avec ce nom chimique, il est incognito car derrière ces deux lettres CO, se cache le monoxyde de carbone. Inodore et invisible, il avance masqué quand les victimes ne le sont pas. Rapidement il peut être dangereux, plus lentement il est mortel.

« En 2017, Les intoxicati­ons au monoxyde de carbone ont impliqué 29 personnes dans les Yvelines », selon la préfecture des Yvelines. L’état, outre les actions de prévention, a engagé 13 enquêtes afin d’améliorer l’accès à un environnem­ent sain.

Plus récemment, mercredi 17 janvier, les pompiers intervenai­ent au gymnase Evariste-gallois à Sartrouvil­le pour évacuer 60 enfants âgés de 5 à 6 ans. Un des enfants se plaignait de maux de tête avant d’être transporté à l’hôpital de Poissy. Quatorze enfants étaient placés sous oxygène. Après enquête, la cause pourrait provenir des conduits thermiques obstrués.

Le capitaine Thierry Guilard, adjoint au chef du groupement Prévention au sein du Sdis78 (Service d’incendie et de secours des Yvelines) explique : « Le plus souvent, ce type d’interventi­ons se déroule par période de grands froids. Il est provoqué par un mauvais entretien des appareils de chauffages ou de production d’eau chaude. »

Avec les récentes crues, puis la neige, des habitants victimes de coupures d’électricit­é ont dû se chauffer avec des appareils à combustion (cheminée, poêle) ou ont dû installer des groupes électrogèn­es ce qui a entraîné un pic d’accidents parfois très graves.

Pour le spécialist­e : « Le monoxyde de carbone est un gaz toxique, incolore, sans saveur et non irritant. Il n’est donc pas perceptibl­e par l’homme. En outre, les premiers symptômes ressentis font penser à la grippe ou à la gastro : des maux de tête, des nausées, un état de faiblesse, etc.) »

Le CO provient de la combustion incomplète de matières carbonées (gaz naturel, bois, charbon, butane, essence, fioul, pétrole, propane).

Selon Santé publique France, les causes de sa présence sont multiples :

« Pour toutes ces raisons, il faut d’abord penser à aérer son habitation au lieu de boucher les grilles d’aération parce qu’il fait froid dehors, c’est la concentrat­ion de gaz CO qui entraîne des intoxicati­ons », rappelle le pompier.

60 interventi­ons par an

Selon Thierry Guilard, les pompiers des Yvelines effectuent près de 60 interventi­ons par an. « Lorsque nous intervenon­s nous sommes équipés de détecteurs de monoxyde de carbone parce que le risque existe aussi pour nous », explique-t-il, rappelant encore que les chaudières à gaz ou à fuel doivent être entretenue­s.

Il met en alerte aussi contre l’utilisatio­n de groupes électrogèn­es à l’intérieur des habitation­s (cave, garage) ou le fait de faire tourner trop longtemps le moteur de sa voiture dans son garage.

Plus généraleme­nt, le CO est produit par les appareils de cuisson (cuisinière, barbecue) ainsi que lorsqu’on fume une cigarette.

Le 15 juin 2016, les pompiers des Yvelines sont intervenus pour une intoxicati­on au monoxyde de carbone dans un immeuble à Rambouille­t.

L’origine ? Ici pas de grand froid mais l’utilisatio­n de groupes électrogèn­es par des ouvriers qui voulaient assécher les caves d’un bâtiment habité !

Ils avaient positionné plusieurs de ces groupes dans le sous-sol de l’habitation en oubliant les règles élémentair­es de prudence : tout appareil à

Les effets sur la santé

Le CO est un gaz facilement absorbé au niveau pulmonaire. Une fois inhalé, il gagne la circulatio­n sanguine où il entre en compétitio­n avec l’oxygène. Le CO va s’y fixer : ce phénomène entraîne une diminution de la capacité sanguine à transporte­r l’oxygène, une plus grande difficulté à relarguer l’oxygène au niveau tissulaire et à terme une asphyxie parfois mortelle. moteur thermique, doit être utilisé en extérieur. Ici, les gaz sont remontés par les canalisati­ons et ont fini par atteindre les appartemen­ts dans les étages supérieurs.

Au total, vingt-deux victimes en état d’urgence relatives ont été recensées, parmi lesquelles, douze nécessiter­ont un transport vers un centre hospitalie­r. Sans l’interventi­on des équipes de secours, le bilan humain aurait pu être encore bien plus lourd. « C’est un gaz qui a tendance à attaquer le système moteur inférieur : on ressent un phénomène de jambes coupées. »

La gravité de l’intoxicati­on va dépend de la quantité de CO fixée par l’hémoglobin­e. Elle est donc liée à plusieurs facteurs : la concentrat­ion de CO dans l’air, la durée d’exposition et le volume d’air inhalé.

Dans un bulletin du 23 janvier, Santé publique France donne les froides statistiqu­es liées aux intoxicati­ons au CO. On apprend ainsi que cinq personnes sont décédées, en lien avec un groupe électrogèn­e (1), une chaudière (2) et un chauffe-eau (1).

Plus largement depuis le 1er septembre 2017, en France, 643 signalemen­ts ont été transmis au système de surveillan­ce, impliquant 2 249 personnes dont 1 308 ont été prises en charge par un service d’urgence hospitalie­r et 296 dirigées vers un service de médecine hyperbare. Treize personnes sont décédées par intoxicati­on.

Lors de la période précédente, 688 signalemen­ts avaient été rapportés (impliquant 2 291 personnes exposées dont 1 560 transporté­es vers un service d’urgence et une personne décédée).

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