Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le passé de la ville se dévoile derrière la mairie

- T.R.

Le rapport complet des fouilles à l’arrière de la mairie sera communiqué en septembre 2019. Néanmoins, le service d’archéologi­e du 78 et du 92 livre quelques découverte­s et avance des hypothèses nouvelles sur l’histoire de Poissy.

Que peut-on retenir des fouilles qui se sont déroulées entre mai et septembre dernier à l’arrière de l’hôtel de ville de Poissy ? La réponse détaillée prendra la forme d’un rapport exhaustif qui sera rendu public en septembre 2019.

Avant cela, Nicolas Girault, du service archéologi­que interdépar­temental des Yvelines et des Hauts-de-seine, a tout de même donné une conférence publique sur le sujet, dimanche dernier, en amont de l’assemblée générale du Cercle d’études historique­s et archéologi­ques de Poissy.

À cette occasion, il s’est attardé sur les principale­s découverte­s ainsi que les hypothèses et interrogat­ions qui en découlent.

Entrée de ville ?

« Un point concerne l’évolution de ce quartier au Moyen Âge, avec le profil d’une rue qui vient s’installer le long d’un fossé défensif qu’on ne connaissai­t pas. » Ce quartier aurait porté le nom de La Porte du Bois. « Cette porte n’est pas connue. À cet endroit, nous sommes peut-être à une entrée de la ville. »

Les archéologu­es ont trouvé des vestiges de bâtiments, toujours le long de cette rue. « Ces vestiges, qui peuvent aussi être des modules d’une habitation plus grande, se trouvaient hors des murs de la ville au Moyen Âge. »

Nicolas Girault s’interroge sur le rôle du fossé défensif au Moyen Âge. « Y avait-il une habitation fortifiée à cet endroit au XIE et XIIE siècle qui aurait ensuite été abandonnée pour laisser la ville s’étendre ? On sait qu’il y avait un seigneur de Poissy, était-ce sa demeure ? Nous allons lancer des recherches au niveau des archives départemen­tales et nationales pour voir si on peut trouver des indices. »

Entre le Moyen Âge et le XIXE siècle, à cet endroit, se trouvent essentiell­ement des jardins plus ou moins exploités. Les archéologu­es ont trouvé des traces de vie du XVIIE siècle, notamment : pots de fleurs, marmites, accessoire­s métallique­s de vêtements… Nicolas Girault suspecte que ce secteur de Poissy s’est vidé, car il a subi de plein fouet les conséquenc­es de la Guerre de Cent ans, puis, fin XVIE siècle, de la Guerre de religion.

Les restes d’un rempart de la ville ont été également mis au jour. « Nous avons du mal à dater ce rempart car il a été détruit puis reconstrui­t au XIXE siècle. »

Des marques d’une occupation mérovingie­nne sont également à signaler. « Nous avons retrouvé un fond de cabane mérovingie­nne, une petite unité d’habitation ou d’activité technique de type forge ou tissage. Elle a été effacée par la mise en place des fossés défensifs et de maisons médiévales. »

Marché aux bestiaux

Ces fouilles ont aussi permis d’approfondi­r les connaissan­ces sur l’histoire de l’agrandisse­ment de l’ancien marché aux bestiaux de Poissy. « Nous avons découvert une grande abside à cet endroit. Au regard des plans qui viennent tout juste d’être restaurés au niveau des archives de la commune, nous sommes en mesure de revoir la chronologi­e de l’agrandisse­ment du marché aux bestiaux. »

Ainsi, les archéologu­es peuvent désormais affirmer qu’en 1825, sur cette partie du marché aux bestiaux, en son extrémité, une grande abside semi-circulaire avait été érigée. « Mais, en 1832, cette abside n’aurait pas été jugée fonctionne­lle et, en 1838, elle aurait été rasée délibéréme­nt. »

En 1838, le marché aux bestiaux est réaménagé sous la forme que l’on connaît mieux grâce aux représenta­tions de la seconde moitié du XIXE siècle, allant du bout de l’actuelle place de la République jusqu’au collège Jean-jaurès.

Enfin, signalons la présence sur site de vestiges fragmentai­res de mobiliers (hache polie, silex taillé, céramique non tournée) qui pourraient dater du néolithiqu­e jusqu’aux âges des métaux (protohisto­ire). « Un spécialist­e des objets en pierre va chercher à caractéris­er la chronologi­e de ces objets vieux de 4 000 à 8 000 ans. » D’autres études en cours concernent des objets métallique­s trouvés sur place ainsi que des restes d’animaux et des céramiques.

Newspapers in French

Newspapers from France