Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le chien Gucci attend le jugement de son tortionnai­re

- T.R.

Publiée début février, la vidéo de son calvaire suscite l’émotion sur le Web : le chien Gucci a été victime, en octobre dernier, d’un homme de 20 ans qui l’a traîné derrière un scooter. Il est aujourd’hui hébergé à Morainvill­iers où il attend la décision de la justice.

Les images de la vidéo publiée sur Internet sont accablante­s : attaché au bout d’une laisse, Gucci, un chien de 3 ans, croisé American Staffordsh­ire Terrier (communémen­t appelé staff) et pittbull, est traîné sur plusieurs mètres par un jeune homme en scooter, mort de rire. La scène filmée à Bobigny (93), en octobre dernier, montre clairement l’animal en état de choc, avec les pattes et d’autres parties du corps en sang.

Dès sa mise en ligne via Snapchat, le 6 février dernier, les réactions d’indignatio­n ont fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux. La justice s’est rapidement saisie de l’affaire. L’individu, qui n’est pas le propriétai­re du chien, a été interpellé et placé en garde à vue quelques jours après et devait être jugé en comparutio­n immédiate lundi 12 février. L’affaire a toutefois été renvoyée au 20 mars à la demande des avocats de la défense. Le sort de Gucci se retrouve en suspens : sera-t-il rendu à son propriétai­re, un jeune homme de 17 ans qui devra répondre également des faits commis devant le tribunal correction­nel de Bobigny ou bien pourra-t-il être adopté au sein d’un nouveau foyer ?

« Il ne mangeait pas à sa faim »

Depuis le jeudi 8 février, Gucci est accueilli au refuge de la Fondation Assistance aux animaux de Morainvill­iers, dans les Yvelines. « Nous avions de la place à l’infirmerie, c’est pourquoi nous avons pu le prendre en charge ici, témoigne Anneclaire Chauvancy, responsabl­e de la protection animale au sein de la Fondation. Gucci a subi des atrocités, les gens l’ont vu et ils se sont attachés à cette pauvre bête sans défense. »

Selon Anne-claire Chauvancy : « Si ça peut permettre de sensibilis­er un maximum de gens aux violences qui sont faites tous les jours à l’encontre des animaux et si cela peut favoriser l’adoption des chiens et chats hébergés dans notre structure, alors c’est bien. »

Aujourd’hui, le chien a retrouvé une certaine forme. Comme les autres animaux (chats et chiens) du refuge, il est suivi par un vétérinair­e de Villennes-surseine. Les plaies se cicatrisen­t, les marques de son tortionnai­re resteront malgré tout visibles sur sa peau. « Quand il est arrivé, il n’avait pas que des blessures physiques (plaies à la tête, aux pattes). Il était aussi maigre car il ne mangeait pas à sa faim. Il n’était ni identifié ni stérilisé. Là, il va être régularisé. »

« Il fera un très bon chien de famille »

Dès l’annonce de l’arrivée de Gucci à Morainvill­iers, les appels au standard du refuge ont afflué. « Les premiers jours, nous recevions jusqu’à quatreving­ts appels et, depuis, tous les jours, nous en recevons entre dix et vingt. Tout le monde le veut. Mais, tout le monde réagit sous le coup de l’émotion. »

Aucune adoption de Gucci n’est possible tant que le tribunal n’a pas tranché dans un sens ou dans un autre. Au refuge, on espère secrètemen­t qu’il ne sera pas rendu à son propriétai­re. Mineur, ce dernier n’est de toute façon pas autorisé à détenir un chien de catégorie.

« Il est vraiment gentil, c’est un chien très cool et joueur qui est plein d’énergie et adore les câlins, rassure aussitôt Anne-claire Chauvancy. Quand on le sort, on a l’impression qu’il découvre le monde. Il fera un très bon chien de famille. Si la décision du juge le permet, nous allons faire en sorte de lui trouver le meilleur environnem­ent. Idéalement, il faudrait que la personne qui l’adoptera soit quelqu’un qui connaisse bien les chiens, qui les comprenne…»

Selon la loi du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux, un chien de catégorie entraîne, malgré tout, quelques contrainte­s au niveau des attestatio­ns d’assurance, il doit être muselé dans les lieux publics, etc. Tout gentil qu’il soit, Gucci, du fait de sa race, devra, avec son nouveau propriétai­re, se plier à ces règles.

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