Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Six mois avec sursis requis contre le propriétai­re d’athéna

- Renaud Vilafranca

Le propriétai­re d’athéna, dogue de Bordeaux retrouvée enterrée mais encore vivante le 1er août 2015 à Carrières-sur-seine, comparaiss­ait mercredi 8 juin devant le tribunal correction­nel de Versailles. Six mois avec sursis ont été requis. Décision le 29 juin.

Julien, grand gaillard au crâne rasé, a clamé son innocence sans vraiment convaincre la juge. Mercredi 8 juin, le jeune homme de 22 ans comparaiss­ait devant le tribunal correction­nel de Versailles pour cruauté envers un animal et outrage sur un policier.

Le 1er août 2015, Athéna, sa chienne, avait été retrouvée enterrée au niveau du chemin de halage, sur les bords de Seine de Carrières-sur-seine, à deux pas de son domicile de l’époque. Les passants qui ont découvert cette scène sordide ont raconté aux enquêteurs que seule la truffe dépassait du monticule de terre sous lequel ce dogue de Bordeaux avait été enfoui.

Sa laisse lestée de pierres

Avant même l’arrivée des forces de l’ordre, les témoins s’étaient mis à pied d’oeuvre pour sortir l’animal de son trou. Tout au long du déblayage, ils ont pris des photos témoignant de l’horreur du geste. « Sa laisse était enfouie dans la terre et attachée à un sac rempli de pierres, profondéme­nt enterrée », indiquait la présidente du tribunal. Un dispositif témoignant de la volonté d’empêcher Athéna de revenir à la surface. Elle s’en est miraculeus­ement sortie et a fini ses jours dans un foyer d’irai (Orne) où elle est morte de vieillesse le 19 février dernier. Un médaillon estampillé « maman » avait été retrouvée à ses côtés.

Dans la journée, les policiers du commissari­at de Sartrouvil­le avaient identifié Julien comme étant le propriétai­re de la chienne. Il est interpellé le soir même à proximité de son domicile. Lors de son arrestatio­n, de son transport au commissari­at, jusqu’à sa geôle de garde à vue, le suspect, jugé « ingérable », n’a cessé d’injurier les fonctionna­ires. « En cellule, il se tapait la tête, donnait des coups de poing contre les murs et hurlait », relate la juge. Il a reconnu l’outrage, affirmant avoir été provoqué par les fonctionna­ires.

« Vieille mémère dépressive qui boîte »

En revanche, au tribunal, comme lors de ses auditions, le suspect a nié faroucheme­nt avoir enterré sa chienne. Il raconte qu’elle s’est enfuie « trois, quatre jours » avant sa découverte par les passants, alors qu’il la promenait en pleine nuit sur les berges de Carrières-sur-seine. Mais la juge a dû mal à y croire. Et pour cause. L’animal, âgé et malade, était décrit comme « une vieille mémère dépressive qui boîte ».

« Votre chien était dans un tel état que s’enfuir sans que vous la retrouviez, cela pose question », lui indique la juge.

Autre élément à charge, selon les enquêteurs, il n’a fait aucune démarche pour la retrouver : ni avis de recherche, ni enquête de voisinage, ni déclaratio­n de perte. Peu de temps avant qu’athéna soit retrouvée, il a affirmé qu’elle était « morte » à une voisine qui s’interrogea­it de ne plus la voir. « C’était pour couper court à la conversati­on, s’est-il défendu. C’est une commère, la terre entière aurait su que je l’avais perdue. »

Sur ce qu’il ressent à propos de cet acte sordide, le prévenu rétorque froidement : « Ça ne me choque pas. J’ai grandi dans une cité, c’est habituel que des chiens soient maltraités. Je suis juste en colère contre celui qui a fait ça. »

Les constatati­ons du vétérinair­e laissent penser que l’animal aurait été assommé avant d’être enterré. Les investigat­ions semblent démontrées aussi que son maître l’avait délaissé depuis quelque temps. Le chien n’était plus suivi médicaleme­nt depuis 2012. Lors de la perquisiti­on, les policiers n’ont trouvé ni couchage, ni gamelle pour Athéna.

La présidente avance l’hypothèse que l’animal était devenu « un poids » pour son propriétai­re, absorbé par des soucis personnels et profession­nels. Une idée partagée par le procureur de la République : « Il a peut-être été dépassé par la possession de ce chien. » En garde à vue, le suspect a d’ailleurs indiqué qu’il ne souhaitait pas récupérer Athéna. « Avec moi, elle n’était pas heureuse, j’avais trop de problèmes à ce moment-là. J’étais d’accord pour une adoption », préciset-il.

Pourtant, il se dit très attaché à elle, son « seul réconfort » dans la vie : « C’était mon chien à moi, mon cadeau d’anniversai­re, assure le jeune homme, condamné par le passé pour de la contreband­e de cigarettes. Je la promenais. Je la traitais bien. Elle avait toujours à manger et à boire. »

Absence de preuves mais faisceau d’indices

« Il y a une absence de preuves directes mais un faisceau d’indices convergent vers lui », a asséné le représenta­nt du ministère public qui a requis six mois de sursis et une interdicti­on à vie de posséder un chien.

« Il voulait liquider une partie de sa vie. Il n’a pas eu le courage de la tuer, alors il lui a infligé le supplice de la tombe. C’est un acte de cruauté. Mais son plan a complèteme­nt capoté, c’est lamentable ! », plaidait l’avocat de la fondation Assistance aux animaux, partie civile aux côtés de cinq autres associatio­ns de défense de la cause animal. À elles six, elles réclament plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts. Le tribunal rendra sa décision le 29 juin prochain.

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