Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le directeur d’une maison de retraite jugé pour pédophilie et tourisme sexuel

- F. D.

L’ancien directeur de la maison de retraite Notredame du Pecq, Thierry D., doit comparaîtr­e du lundi 20 au jeudi 23 juin devant la cour d’assises de Versailles. L’homme de 53 ans est accusé d’avoir violé de très jeunes enfants, entre 2001 et 2011, au Sri-lanka, en Tunisie ou encore en Égypte lors de voyages humanitair­es et touristiqu­es.

Une vingtaine d’enfants ont été identifiés et auraient pu prendre place sur les bancs de la très froide cour d’assises de Versailles. Ils auraient entre 6 et 16 ans, originaire­s de pays éloignés. Ils ne se rencontrer­ont jamais. Sans compter les autres… Une source nous a confié qu’ils pourraient être deux ou trois fois plus nombreux.

Seuls leurs visages seront réunis dans l’épais dossier porté contre Thierry D. En photo. Dans de très nombreuses vidéos, près de 130 qui ont choqué, poussé à la nausée les enquêteurs, avocats et magistrats qui ont été obligés de les regarder.

Le procès de Thierry D. qui doit s’ouvrir ce lundi 20 juin n’a malheureus­ement rien d’exceptionn­el. Pour la énième fois, la justice va se pencher sur un cas de tourisme sexuel. Deux associatio­ns de défense de l’enfance ont décidé de se constituer partie civile : Agir contre la prostituti­on des enfants et La voix de l’enfant.

Thierry D. est apparu dans le collimateu­r de la police en février 2011. Le très célèbre FBI (Federal Bureau of Investigat­ion) repère un internaute français, alias manoir1717@hotmail.fr, ayant téléchargé des fichiers à caractère pédopornog­raphique. Les policiers américains transmette­nt une vidéo et 130 photos en France, à l’office central pour la répression des violences aux personnes.

Sa chevalière aurait servi de jouet sexuel

Les données montrent des jeunes garçons, de type indien, ayant des rapports sexuels avec un homme européen. Sept victimes sont recensées. Une partie du visage du pédophile serait apparue. L’adresse IP qui a servi au télécharge­ment et le mail sont passés au crible. Ils mènent tout droit à la maison de retraite Notre-dame du Pecq.

La photo de Thierry D., issue du site Copains d’avant, est comparée avec celles transmises par le FBI. La ressemblan­ce est plus que frappante. Sa chevalière est également repérée sur les fichiers pédophiles. Elle aurait servi de jouet sexuel. L’homme a déjà effectué une vingtaine de voyages au Sri-lanka. Le premier s’est déroulé en 2005, un an tout juste après le tsunami. Le 26 avril 2012, une informatio­n judiciaire est ouverte. Thierry D. est placé sous surveillan­ce. Son profil Facebook, Marie Manoir, également.

Le 23 mai, le directeur est arrêté et placé en garde à vue. Une incroyable quantité de matériel informatiq­ue est découverte : quinze disques durs externes, trois ordinateur­s portables, des cartes mémoires, deux appareils photo, un caméscope, des Cdroms, disquettes et clé USB.

Dès les premières analyses, des milliers de fichiers pédopornog­raphiques sont trouvés. Certains mettraient en scène Thierry D., avec des mineurs. Les plus jeunes ont de 6 à 8 ans. Rien ne leur est épargné. Vraiment rien. L’homme n’hésiterait pas à les forcer lorsqu’ils refusent certaines pratiques. Il le niera. Il a également recours à certains médicament­s anesthésia­nt sur les victimes.

Face à l’évidence, il n’a pas d’autre solution. « Il a expliqué avoir eu recours à la prostituti­on de mineurs depuis la fin des années 80. Il les payait essentiell­ement avec des cadeaux des jouets, des fourniture­s scolaires et des vêtements ; parfois de l’argent. Certains n’ont eu le droit qu’à une coupe de cheveux à 2 euros, des biscuits, du fromage. Il affirme qu’ils n’ont jamais eu moins de 13 ans. Mais finalement, ça ne change rien. Tous étaient des enfants, s’attriste une source. Il se présente comme un bisexuel à caractère pédophile. À l’époque, il a indiqué avoir des regrets sans pouvoir revenir en arrière. Il disait avoir perdu la notion du bien et du mal et être rentré dans une excitation sexuelle qui lui faisait perdre la raison. Il a évoqué une addiction. Il a semblé relativeme­nt conscient qu’il profitait de la misère de ces petits malheureux, sous couvert d’un voyage humanitair­e. »

Pour rencontrer ses proies, Thierry D. comptait sur le hasard. Lors des voyages, il faisait comprendre ses intentions par gestes. Il aurait utilisé aussi un homme comme rabatteur, demandant ouvertemen­t qu’il lui trouve de jeunes garçons. Il reste, pour l’heure, présumé innocent.

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