Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’instit’ accusé de pédophilie écope de 3 ans

- François Desserre

Le tribunal correction­nel de Versailles a jugé vendredi Jean-paul Carayon, instituteu­r qui exerçait à l’école Pasteur d’orgeval. Il était accusé d’agressions sexuelles sur une petite fille.

Tendu, stressé, Jean-paul Carayon est apparu vêtu d’une chemise orange dans le box de la 7e chambre correction­nelle de Versailles. Ce vendredi 10 juin, l’homme de 63 ans comparaiss­ait pour plusieurs agressions sexuelles ainsi que le télécharge­ment d’images à caractère pédopornog­raphique. Son histoire avait fait grand bruit dans le petit village d’orgeval. Jean-paul Carayon, instituteu­r à l’école Pasteur, avait été arrêté le 26 mars 2015.

Un vieil ami de la famille

Deux mois plus tôt, une femme appelle les policiers de la Sûreté départemen­tale du Rhône. Elle pense que sa fille a été victime de viols. Elle connaît bien l’auteur présumé. Il s’agirait de Jean-paul Carayon, un très vieil ami de la famille. Ils se connaissen­t depuis près de trente ans.

Les premières auditions de la jeune victime ne laissent que peu de place au doute. Flavie*, 10 ans, raconte avec des mots d’une grande maturité des attoucheme­nts qu’elle a subis. « J’avais 5 ans quand il a commencé à me faire des violences sexuelles lors des noces d’or de ma grand-mère. On jouait dans la chambre de ma soeur. Il a mis sa main dans ma culotte. Il m’a touché avec les doigts. Et puis il m’a demandé de ne rien dire. »

Ne rien dire… Flavie respectera longtemps cette consigne, presque une menace. Un jour, l’étau qui l’enserre se fissure. Alors qu’elle range des journaux avec sa grand-mère, elle tombe sur une revue spécialisé­e pour les enfants. Un article est consacré à la pédophilie, avec des mots bien choisis. Elle se rend compte qu’elle peut parler, qu’elle ne doit pas se sentir coupable.

Face aux policiers, Flavie évoquera d’autres agressions, à la piscine, dans sa propre chambre, que ses parents soient dans la maison ou pas. Son récit est cohérent. L’instituteu­r est arrêté.

Sur son ordinateur, les policiers vont découvrir près de 335 fichiers pédopornog­raphiques. L’historique de son navigateur Internet fait apparaître des mots clés de recherche typiques de la pédophilie. Le 26 mai 2015, face au juge d’instructio­n, Jean-paul Carayon avoue. Il s’abrite également derrière plusieurs excuses qu’il ressortira lors de son procès. « Je ne suis pas allé plus loin que le vestibule (sic) du vagin ». Le sexagénair­e évoque des difficulté­s avec l’alcool, des soucis psychiatri­ques et de couple. « Cette orientatio­n sexuelle cachée jusque-là s’est révélée après mon divorce de 2001. C’est celle d’une catégorie d’hommes qui aiment trop les enfants et ne savent pas comment s’en sortir. » L’instituteu­r évoque une attirance pour le naturisme puis une curiosité malsaine. Il s’embrouille dans une étude qu’il a lue sur la transsexua­lité. La présidente du tribunal préfère écourter. « Vous avez surtout trahi la confiance de vos amis. Qu’estce qui vous a pris de vous attaquer à cette petite fille ? » Silence du prévenu…

Face à lui, les deux parents parlent au nom de Flavie. « Notre fille attend qu’il soit puni. Elle cherche à comprendre. Elle a peur de le recroiser. » Leur avocat enchaîne. « Cette petite fille a eu une innocence volée, une enfance violée. »

Le procureur de la République achèvera le tableau. « Cet homme a trahi la confiance de ses amis de toujours. Il s’est servi de cette enfant comme d’une poupée, comme l’objet de ses désirs. Ces actes auront malheureus­ement des conséquenc­es à très long terme. » La magistrate demande une peine conséquent­e, sans concession : cinq ans de prison avec maintien en détention et un suivi sociojudic­iaire pendant 5 ans. En cas de non-respect, il retournera derrière les barreaux pour deux ans. Elle veut également qu’il ne puisse jamais exercer une activité en lien avec des enfants.

Les magistrats ont rendu leur jugement : trois ans de prison ferme avec maintien en détention.

Jugé vendredi pour des attoucheme­nts commis à l’école

Jean-paul Carayon a un autre rendez-vous avec la justice. Ce vendredi 17 juin, il doit comparaîtr­e une nouvelle fois devant le même tribunal. Il est accusé d’avoir fait subir des attoucheme­nts à sept petites filles d’une dizaine d’années, scolarisée­s à l’école Pasteur d’orgeval. Les victimes ont affirmé qu’il avait eu des gestes déplacés pendant les heures de classe ou d’études. Les faits auraient eu lieu entre septembre 2013 et le début de

La confiance trahie

l’année 2015. L’homme aurait, dans le cas présent, nié tout caractère sexuel à ces gestes. Il aurait agi, selon ses déclaratio­ns, pour répondre au « besoin de tendresse » des enfants.

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