Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Un quartier trop ancré dans les années 50

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Les bailleurs sociaux Vilogia et Soval ainsi que les architecte­s du CAUE 78 et le centre social André-malraux de Poissy proposaien­t, mercredi 8 juin, de redécouvri­r le quartier Beauregard, lieu historique de la ville.

Une vingtaine de participan­ts était réunie, mercredi 8 juin, pour partir à la (re)découverte du quartier Beauregard de Poissy. Laure Galimard, architecte, membre du Conseil d’architectu­re d’urbanisme et de l’environnem­ent des Yvelines (CAUE 78) et ancien professeur d’arts plastiques au lycée profession­nel Le Corbusier a servi de guide.

Sorti de terre en deux ans (1956-1958), le quartier pensé par l’architecte et urbaniste alsacien Charles-gustave Stoskopf était une condition de rachat de l’usine Ford de Poissy par Simca. L’aménagemen­t de la Simca-ville répondait alors à un impératif de relogement pour des milliers d’ouvriers et leurs familles. Dans les années 50, l’idée était de construire vite et avec de nouvelles normes : eau courante, chauffage central, douches…

Isolées et parquées

Côté finances, l’émergence du mouvement hygiéniste de l’époque incite les pouvoirs publics à prendre en charge une partie du coût de ces grands ensembles. Le patronat, quant à lui, s’intéresse au logement social pour des questions pratiques : réduction du temps pour se rendre à l’usine, conditions de vie décentes de ses salariés. C’est ainsi que l’entreprise Simca finance 65 % de la constructi­on du quartier Beauregard.

Côté humain, les urbanistes des années 50 n’ont pas le recul nécessaire pour une réelle prise en compte des conditions de vie des habitants. La nécessité d’une constructi­on rapide se traduit par l’installati­on de préfabriqu­és : des façades monotones alternant le gris, le jaune et le sable, des intérieurs très normés, laissant peu de place à la créativité.

Laure Galimard parle d’un « zoning » par lequel chaque zone du quartier est son propre quartier, sans véritable lien entre les commerces, les logements, les espaces verts. Le quartier répondait aux attentes et aux besoins des années 50. Désormais, les population­s qui y vivent ne sont plus les ouvriers qui allaient travailler à l’usine du quartier. Ce sont des familles, souvent d’origine africaine et maghrébine, qui se sentent isolées et parquées en marge du centre-ville.

Inspiratio­n du quartier

Pour Younès, 33 ans, bac + 2 et en recherche d’emploi, la clé pour sortir les jeunes et les moins jeunes de l’enfermemen­t de ces rangées d’immeubles est la culture. Celui qui se dit « pur produit Beauregard » regrette l’absence de lien entre le patrimoine de la ville et les habitants du quartier. Et d’ajouter, attristé : « Regardez la Villa Savoye, des chinois viennent la visiter

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