Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Latchi matérialise ses pensées positives en dessins
Installée à Carrières-sous-poissy, Cibee Rakotoarisoa, alias Latchi de son nom d’artiste, 28 ans, se lance à son compte comme dessinatrice et illustratrice, avec la volonté de promouvoir certaines valeurs essentielles à ses yeux.
Latchi. Voilà un nom facile à retenir, court et exotique (Latchi est le nom d’un village de Chypre). « C’était mon surnom, quand j’étais petite. Mon vrai prénom Cibee se dit Chi-bi, on retrouve la sonorité dans Latchi. Et puis, j’ai tendance à éternuer souvent… »
Sur le ton de la confidence et toujours avec le sourire, Cibee Rakotoarisoa retrace son bref parcours - elle n’a que 28 ans qui l’a conduite à s’installer à son compte, à Carrières-sous-poissy. Elle n’est pas née à Madagascar mais à Limoges. « J’ai surtout vécu à Savigny-le-temple (77). J’y suis restée jusqu’au collège, puis je suis partie au lycée à Melun où j’ai obtenu mon bac S. » Après un BTS informatique de gestion à l’école supérieure de génie informatique à Paris, Latchi a « envie de mettre plus de visuels dans (sa) vie » et décroche un master en développement de jeux vidéos. « Au lycée, j’hésitais entre le dessin et l’informatique, et comme je me suis beaucoup ennuyée dans mes études d’informatique, je faisais beaucoup de dessins… »
« Je ne savais pas dessiner les pieds »
Le goût pour le dessin est né en voyant sa grande soeur réussir à esquisser avec une grande justesse un Pokémon. « Je devais avoir 7 ou 8 ans. » Le stress des années lycées la pousse naturellement à consommer des crayons. « Je dessinais des choses abstraites, surtout ». L’année du bac, sur les conseils d’un cousin bordelais, elle se met à créer ses propres personnages. Les premiers s’appellent Isia, Axia et Réal. « Elles ne sont pas humaines et font partie d’un peuple connecté par les rêves. Ils n’ont pas de pieds… parce, qu’à l’époque, je ne savais pas les dessiner ! »
À 19 ans, elle se lance dans la création de personnages en 2D pour un projet de jeu vidéo, Eurasia. «Je devais créer trois espèces ? je travaillais avec un coloriste et un autre dessinateur qui faisait les armes, car ce n’était pas mon truc… Le jeu n’est jamais sorti, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire. »
Son style artistique reflète ses influences, entre manga japonais et illustrateurs français. Elle cite aussi bien Xavier Houssin, du studio d’animation Ankama, Guillaume Billancourt et son livre hybride, Billy Brouillard, mêlant bande dessinée et encyclopédie ou encore le Japonais Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece, « un manga qui véhicule des valeurs fortes d’amitié, de volonté, de détermination, de respect, de passion ; cela m’inspire pour la vie de tous les jours. »
Apprivoiser ses peurs
Latchi est assurément une femme de valeurs, à commencer par le courage. Il y a deux ans an, elle a abandonné son statut de salariée (comme développeuse Web dans une entreprise à La Défense) avant de rejoindre, il y a un an, la « Couveuse des Yvelines », à Épône, et mieux sauter le pas vers le statut ô combien intimidant d’entrepreneur. « Ça bouscule, assouplit l’esprit et remet en question. Cela me plaît. J’avais peur de perdre mon esprit de jeunesse. » Cette peur de l’inconnu, Latchi l’a traduite dans une histoire dessinée : Lina danse avec ses démons, à l’occasion d’un concours de BD, en avril dernier. « Je suis partie de l’autisme et de la façon d’apprivoiser ses peurs. Lorsqu’on les regarde en face, elles peuvent être belles et apporter du bonheur. Je parle des peurs que j’ai affrontées lorsque j’ai quitté mon travail en 2014 pour me lancer dans l’entrepreneuriat. »
Promouvoir des pensées positives, transmettre des messages d’amour ou mettre en scène des concepts qui lui parlent, Latchi veut donner du sens à ses dessins. Elle a, par exemple, signé l’univers graphique d’une jeune entrepreneuse de Montrouge qui anime des ateliers de cosmétique bio sans produits chimiques. « Le contact humain peut me donner envie de promouvoir une personne et son activité. Les valeurs que j’ai envie de défendre sont celles du respect de soi, des autres et de l’environnement. » Sensible aux questions du développement durable, du tissage de liens, de la médecine douce ou encore à la notion de « transition », Latchi tient à s’investir aussi dans sa commune d’adoption. « Il est important d’être citoyenne, de faire partie de là où je vis et de montrer qu’il s’y passe des choses. C’est pour ça que j’ai rejoint l’association des Gens du Partage. » Elle en est même la présidente depuis cette année.