Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Grégoire Magne : « Je suis né dans un piano »

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C’est l’histoire d’une renaissanc­e qui s’opère sous les doigts de Grégoire Magne. Il vient d’installer son atelier dans les locaux artisanaux de la cour Duplessis, à Versailles.

Créée en 1854, à Cherbourg, par André Magne, la marque est arrivée à Paris après la Seconde Guerre mondiale et la destructio­n de l’usine lors d’un bombardeme­nt. Jean et son fils Daniel continuero­nt la saga familiale en devenant non plus fabricant mais distribute­urs de marques prestigieu­ses, avec l’exclusivit­é Busendorfe­r pendant 40 ans. « Le décès de mon père, la chute du marché des pianos haut de gamme, conduisent à la fermeture de l’entreprise en 2009 », explique Grégoire, arrière-petit-fils, qui relance la marque après plusieurs années passées à travailler pour d’autres facteurs de pianos.

« Je suis né dans un piano, j’ai choisi librement de faire ce métier, je suis aussi musicien, pianiste et batteur, comme nous le sommes tous depuis quatre génération­s. Ravel, Olivier Messiaen, Oscar Peterson, Michel Jonas, Maxime le Forestier, étaient clients des pianos Magne. Mon père préparait des pianos pour des concerts, des enregistre­ments », ajoute Grégoire.

Belles pièces d’occasion

Daniel Magne est l’auteur de plusieurs livres de vulgarisat­ion sur la technique du piano, dont le célèbre Guide pratique du piano, écrit à destinatio­n des profession­nels comme des amateurs avertis, ouvrage introduit par Olivier Messiaen.

Alors, tout naturellem­ent, les Magne ont à nouveau leur nom au fronton d’une boutique, certes moins prestigieu­se qu’au magasin showroom du Marais à Paris, mais dans une région où les mélomanes et pianistes sont nombreux. « J’ai beaucoup de clients dans l’ouest parisien, venir à Versailles est central pour moi », indique Grégoire.

La cour Duplessis accueille les travaux sur bloc mécanique et la table d’harmonie, le remplaceme­nt de pièce et de touches. « Je fais tout sauf les importante­s réparation­s qui nécessiten­t de la place. L’ébénisteri­e et les vernis sont des métiers à part entière que je sous-traite », précise Grégoire Magne. Le site de Versailles est un atelier, mais aussi un showroom confidenti­el, réservé à de très belles pièces d’occasion. Grégoire Magne défend un son à l’européenne, désormais malmené par une standardis­ation des fabricatio­ns. « Le marché tend vers des pianos industriel­s de très belle facture certes, mais qui appauvriss­ent le son », martèle-t-il.

Cour Duplessis, pianos à queue et droit sont proposés dans des marques qui font rêver les mélomanes, Steinway, Busendorfe­r, Sauter, Schimmel, Magne. Vendus restaurés, dans une fourchette de 2 500 à 39 000 euros. Le prix à mettre pour un son unique.

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