Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
PSA Poissy anticipe le Brexit : frilosité ou prudence ?
Avant la fermeture estivale de l’usine PSA Poissy, la direction a annoncé la mise en place de jours chômés en septembre et octobre, au regard de l’incertitude des conséquences immédiates du Brexit. Les syndicats dénoncent une frilosité injustifiée.
Un jour de chômage technique en août et quatre jours en septembre (un jour par semaine) pour les salariés de l’usine PSA de Poissy. C’est ce qu’a annoncé la direction de l’usine PSA de Poissy, mercredi 20 juillet, en comité d’entreprise. « On s’attend également à quatre jours chômés en octobre et ce n’est pas fini, commente Brahim Aït-athmane, délégué FO, syndicat majoritaire sur le site de Poissy. À la veille des congés d’été, cette décision inquiète. Concrètement, les salariés en subiront les conséquences sur leur bulletin de salaire, avec une perte de 50 à 100 euros en septembre et octobre. En effet, le Nouvel élan pour la croissance (NEC) n’entrera en vigueur qu’à compter du 1er janvier 2017. Il prévoit une modulation supérieure à celle d’aujourd’hui. L’accord actuel prévoit cinq jours chômés sans conséquences. Il y en a déjà eu trois en janvier. À partir de la troisième semaine de septembre, les salariés seront donc directement impactés. »
Les syndicats dénoncent une frilosité exagérée de la part de la direction : « Nous sommes plus que surpris que le résultat du référendum britannique puisse avoir de telles conséquences aussi rapides. L’angleterre n’a même pas encore officiellement ouvert les négociations de sa sortie de l’union Européenne qui ne sera pas effective avant le 1er janvier 2019 au plus tôt. »
Brahim Aït-athmane relativise l’importance du marché anglais et estime qu’un jour chômé par mois, voire deux, suffiraient largement. « Cela fait 28 ans, que je travaille sur le site de Poissy, j’ai connu toutes sortes d’évolutions techniques et commerciales; des crises, on en a connu d’autres. On se demande si PSA ne se montre pas excessivement frileux. » Selon lui, cette mesure vise simplement à réduire les stocks. « En réalité, nous pensons que la direction cherche à ajuster le niveau de production. C’est une obsession du groupe, avoir des stocks au minimum en fin d’année. Nous espérons qu’il s’agit d’un excès de prudence et de frilosité qui pourrait être compensé par une hausse d’activité en fin d’année. »
Pour l’heure, aucun débrayage ni mouvement de contestation n’est prévu à l’usine pisciacaise. « On verra ça à la rentrée. Aujourd’hui on réfléchit à la manière de préserver les salariés contre tout impact financier négatif. »
Le syndicaliste rappelle qu’en 2014, la direction du site PSA de Poissy tablait sur une production de 174 000 véhicules en 2016, alors qu’elle devrait dépasser les 235 000 véhicules d’ici le 31 décembre.
« Nous naviguons à vue »
Contactée, la direction de l’usine PSA de Poissy réfute le terme de frilosité et préfère parler de prudence. « À Poissy, comme dans les autres usines du groupe, on travaille sur la base de prévision de volumes et de prévision de marchés. Pour la rentrée de septembre, les prévisions de marché européen sont à la baisse. Le deuxième semestre est traditionnellement plus faible que le premier et, comme chaque année, nous ajustons les stocks pour terminer l’année avec le moins possible. » La direction rappelle qu’au premier semestre, les salariés ont été amenés à travailler davantage, notamment le samedi matin.
À cela s’ajoute un fait exceptionnel : le vote du Brexit, qui toujours selon la direction, a généré des incertitudes. « Nous n’avons rien quantifié, mais nous pensons que cela peut avoir des effets immédiats sur le marché anglais et nous reconsidérons le programme de production. » Elle ajoute : « Nous n’allons pas fabriquer des voitures que nous n’allons pas vendre. Comme tout le monde, nous naviguons à vue sur la question du Brexit. On peut légitimement penser que le pouvoir d’achat des Anglais va être impacté, avec la livre qui baisse, la question du rétablissement des droits de douane, etc. »
L’usine de Poissy produit chaque jour 160 voitures avec volant à droite. « Toutes ne sont pas destinées au marché anglais», précise la direction. D’autres pays roulent à droite, comme l’irlande ou le Japon.