Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Thomas Baroukh (CN Versailles), du Grand Canal au lac Rodrigo de Freitas

-

Mardi 19 avril, 8h30. Après six allers-retours sur le Grand Canal dans le parc du château de Versailles, Thomas Baroukh en termine tout juste avec sa séance d’entraîneme­nt. Une sortie d’une heure et demie, dans le calme absolu, qui semble être réglée comme du papier à musique. « À cinq minutes près, je sais exactement le temps que ça va me prendre en fonction de la températur­e et de la météo qu’il fait, explique celui qui bénéficie d’un accès privilégié au site pour pouvoir s’entraîner tout au long de l’année de manière matinale. C’est une ambiance un peu particuliè­re, surtout l’hiver car il y a très peu de monde. Mais ça permet de me concentrer uniquement sur moi-même. C’est une chance de pouvoir y aller à cette heure-là. »

Un cadre royal

En venant s’entraîner aux aurores, le rameur de 28 ans est d’ailleurs aux premières loges pour admirer le lever du soleil. « Chaque matin, il y a toujours un petit moment où je lève la tête quelques secondes pour apprécier le cadre. » Son lieu d’entraîneme­nt est pour le moins royal. Sur le plan d’eau, Thomas est comme chez lui. Il faut dire que cela fait maintenant seize ans qu’il le fréquente en long, en large et en travers. Mais dans un anonymat qui est, pourtant, toujours le même malgré toutes ses sélections en équipe de France. « Vu la faible médiatisat­ion de l’aviron, je pense qu’il n’y a aucun touriste qui sait que je vais participer aux Jeux olympiques. Ce n’est encore jamais arrivé qu’une personne vienne me voir au bord du canal pour me dire qu’il me connaissai­t. Par contre, je dois être sur des photos aux quatre coins du monde », lâche en rigolant le sociétaire du club local, le Cercle Nautique de Versailles.

Mais à vrai dire, ce n’est pas vraiment la notoriété qui intéresse le natif du Chesnay. Le garçon vit aujourd’hui sa passion à fond, après avoir eu l’opportunit­é de bénéficier d’un détachemen­t dans son travail – ingénieur chez ERDF – pour préparer les Jeux de Rio. « En un an, je viens de passer 180 jours en dehors de chez moi. C’est un peu dur mais je sais pourquoi je fais ça. Quand on cherche à progresser, il n’y a qu’une seule solution. C’est de travailler. » Lors de ces dix derniers mois, Thomas a donc enchaîné les stages nationaux aux quatre coins de l’hexagone (à Lyon, Libourne, Bellecin et Aiguebelet­te) et a également passé trois semaines, au mois de février, en Afrique du Sud.

Septième de la finale du quatre de pointe sans barreur poids léger aux JO de Londres en 2012, le Versaillai­s rêve maintenant d’une médaille olympique. Du plus beau métal qui soit évidemment. « On a un bateau qui peut potentiell­ement aller se battre pour le podium, confie celui qui a justement été médaillé de bronze au championna­t du monde en 2015. Après la bonne saison que l’on a faite l’an dernier, ce n’est pas aberrant que de vouloir viser une médaille. Mais on sait aussi qu’il y aura en face de nous des équipes très fortes, à commencer par les Suisses. Ça se jouera certaineme­nt à pas grand-chose. » Une histoire de quelques dixièmes sur une course qui durera quasiment six minutes…

Newspapers in French

Newspapers from France