Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Réservistes : les demandes affluent
Le colonel de gendarmerie Patrice Chédor : « Un afflux de demandes »
Après l’attentat de Nice, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé tous les « Français patriotes qui le souhaitent » à rejoindre la réserve opérationnelle de la police et la gendarmerie nationale. Dans les Yvelines, message reçu fort et clair.
Le colonel Patrice Chédor est le « conseiller Réserves » du groupement de gendarmerie des Yvelines. Chez les gendarmes, on n’a pas attendu la triste série d’attentats depuis Charlie Hebdo, en janvier 2015, pour créer une réserve opérationnelle. Elle existe sous trois formes (ci-dessous) depuis des décennies pour aider les effectifs de l’active. Elle est aujourd’hui citée en exemple par les plus hautes autorités de l’etat. On peut même dire que, sans elle, la gendarmerie aurait du mal à tourner.
Le colonel Patrice Chédor explique : « Il y a 300 personnes réservistes dans le département et les dossiers de candidature affluent. Une centaine depuis quelques jours. C’est énorme. » En France, la gendarmerie dispose de 25.000 réservistes dans sa réserve opérationnelle dite de «niveau 1», dont 70% de civils. Car ici, nous parlons de la réserve opérationnelle de type 1 (voir encadré). Il s’agit de volontaires composés d’étudiants, de déménageurs, d’avocats, d’ouvriers, de chefs d’entreprises, d’ingénieur (…) qui donnent de leur temps pour la gendarmerie avec pour seul leitmotiv « la volonté de servir ». « Ce brassage est unique et fait la richesse de la réserve », selon le colonel.
Le nombre de journée emploi réserviste dépend du budget alloué par l’etat. Fin 2015, une trentaine de réservistes intervenaient chaque mois dans les Yvelines. Actuellement ils sont une vingtaine mais les budgets devraient augmenter.
« Les réservistes effectuent plusieurs missions à l’exclusion du maintien de l’ordre ou des affaires directement judiciaires, poursuit le colonel Chédor. Ainsi, ils assurent des services sur le Tour de France quand il passe chez nous ; ils peuvent être présents lors de patrouilles à cheval. Toujours dans les Yvelines, ils participent aux opérations de sécurisation dans les trains, à la lutte contre les atteintes aux biens. A la Saint-sylvestre, ils sont une cinquantaine sur le terrain. »
Quatre semaines à Beynes
Pour devenir réservistes, le volontaire reçoit une formation de quatre semaines à Beynes. « Au cours de cette formation, on leur présente le cadre législatif dans lequel ils évoluent. En clair, on leur rappelle les conditions de la légitime défense, ils reçoivent des cours de tir afin d’être capable de manipuler leur arme et, dans certaines circonstances, de tirer. Il y a aussi les règles liées à la police de la route. » Le réserviste reçoit ensuite la qualification d’agent de police judiciaire adjoint. L’engagement est souscrit pour une durée allant de 1 à 5 ans.
Préalablement, il doit répondre à plusieurs critères : bien sûr, présenter un casier judiciaire vierge ; il doit répondre encore à des tests psychologiques et à plusieurs entretiens. Le réserviste monte en puissance au fur et à mesure de sa formation. Une fois formés, les réservistes déclarent leurs disponibilités sur un logiciel interne à la gendarmerie du nom de Minot@ur (Moyen d’information Opérationnelle et de Traitement Automatisé de la Réserve). Parallèlement les unités de la gendarmerie expriment leurs besoins selon l’actualité des communes qu’elle couvrent.
« Ensuite, les services sont planifiés, poursuit le colonel. Les réservistes sont appelés à rejoindre telle ou telle brigade. Ils arrivent en civil. Sur place, ils se changent, revêtent la tenue de la gendarmerie (identique à l’active, N.D.L.R.) et sont dotés de leur arme, un pistolet automatique. Il s’agit de service au quotidien. Les week-ends, les réservistes qui ont plus de disponibilité, sont très importants pour nous. » Les patrouilles se font sous le contrôle d’un officier de police judiciaire, toujours cet encadrement juridique fort.