Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Découvrez l’art Nouveau selon Hector Guimard
Pendant l’été et jusqu’au 2 septembre, la Villa Berthe, ou Hublotière, située au Vésinet, ouvre gratuitement ses portes aux visiteurs. Voyage dans l’histoire garanti.
Que vous soyez un passionné d’histoire ou d’architecture, ou seulement un novice curieux, la visite de la Villa Berthe doit absolument être au menu de votre été. Tout d’abord parce que les propriétaires de la demeure ouvrent exceptionnellement leurs portes aux visiteurs. Ensuite, parce qu’une guide passionnante, Lisa, vous accompagnera à la découverte de ce monument historique dans un incroyable voyage architectural, culturel et rempli d’anecdotes.
Le style Guimard
Construite à l’automne 1986 sous la direction de l’architecte Hector Guimard, la Hublotière témoigne de la période Art Nouveau où la beauté d’une oeuvre n’existe que par la main de l’artisan qui l’a bâtie. Bien qu’elle s’inscrive dans une période classique, la Villa affirme un style architectural personnel qu’on désignera quelques années plus tard sous le nom de « style Guimard ». Comme tout architecte de son époque, Guimard est formé à l’école nationale supérieure des arts décoratifs, dans un style universitaire classique. Il profite de ses études pour édifier ses premières réalisations, dont un café-concert, Le Grand Neptune, sur les quais d’auteuil. Mais ce n’est qu’en 1895, alors que ses études ne sont pas achevées, que le grand virage a lieu pour le jeune homme. Lors d’un voyage à Bruxelles, il rencontre Victor Horta qui lui fait visiter l’hôtel Tassel. Cette rencontre marque pour l’architecte une véritable conversion à l’art Nouveau : il utilisera désormais des matériaux modernes, il abandonnera la symétrie classique des façades pour se diriger vers une architecture vraie et logique, autrement dit, fonctionnelle et confortable. Son regard nouveau l’emmènera jusqu’à la réalisation des édicules Guimard, célèbre oeuvres d’accès aux stations de métro de Paris, présentes encore aujourd’hui devant 66 stations de métro.
Pierre blonde, ardoise et brique rouge
Le portail d’entrée de la villa passé, la somptueuse façade avant nous plonge directement dans l’univers Guimard. La façade classique mais vivante, est d’une symétrie quasi parfaite. Conçue en trois colonnes, la devanture est le symbole de la créativité de l’architecte. Ce modèle impair tranche avec la rigueur des oeuvres bâties sur un modèle pair. La terrasse surélevée, située aux pieds du pignon, est ornée d’une magnifique glycine apportant davantage de couleurs à la façade déjà bien colorée. En effet, Hector Guimard, dans une volonté de faire vivre la demeure, a beaucoup joué avec les matériaux, alternant la noble pierre blonde rappelant le haut rang social des propriétaires, l’ardoise et de la brique rouge.
Un travail architectural poussé
La façade latérale droite quant à elle, est celle de l’entrée de la Villa. Sous un porche à voûte cintré, ouvert du côté du jardin, on peut observer ici encore un travail architectural très pensé. La profondeur qu’a réalisée l’architecte dans un petit espace est étonnante. Tout en gardant à l’esprit la fonctionnalité de l’entrée : en passant la porte, toutes les pièces sont à équidistance de l’entrée, permettant d’abandonner la présence d’un couloir austère, inutile.
Le long de la façade, on retrouve ceux qui ont donné le surnom de Hublotière à la Villa : les fameux hublots… Situés au raz de l’allée, ils servaient vraisemblablement à éclairer la laverie pour le personnel de maison, située au sous-sol.
Autre « détail » esthétique : les lignes coup de fouet. Ces tiges souples et dynamiques sont devenues la signature de Guimard, bien qu’il se soit inspiré de son ami Victor Horta. On les retrouve devant les hublots et sur de nombreuses fenêtres de la Villa, ainsi qu’autour du toit terrasse qui surplombe Le Vésinet…