Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Une Orgevalaise électro-hypersensible opposée à ces compteurs intelligents
Véronique Boulan, 59 ans, est membre du collectif nord-ouest parisien, Une Terre pour les électro-hypersensibles (*), depuis 2013. Il y a quatre ans, cette Orgevalaise a été diagnostiquée intolérante aux ondes électromagnétiques. « J’enseignais en primaire et ma fatigue a explosé à partir de 2004. Je ne supportais même plus le bruit des enfants. J’ai repris les études et j’ai travaillé comme infirmière dans un foyer d’hébergement à Marly-le-roi. Mais quand ils ont installé la Wifi dans chaque chambre des résidents, c’est devenu très difficile. Fin 2009, j’étais devenue une loque, je ne pouvais plus rien faire et j’attendais que le temps passe dans mon canapé. »
Médecins généralistes et spécialistes ne parviennent pas à détecter l’origine de son malêtre. Grâce à sa fille, elle se rapproche du docteur Belpomme, spécialiste en médecine environnementale. « J’ai passé les tests et, enfin, j’ai été diagnostiquée électro-hypersensible. »
Depuis, elle ne sort quasiment plus de chez elle. Un pavillon dont toutes les fenêtres sont recouvertes de grillage antiondes et de couvertures de survie. Avec son mari, elle a creusé son soussol pour aménager une pièce imperméable aux ondes électromagnétiques. « J’ai arrêté de travailler comme infirmière en juillet 2013. L’éducation nationale m’a trouvé un poste de reclassement dans un collège au milieu des champs, où je peux travailler. Autrement, je ne peux plus aller nulle part : ni les restaurants, ni au cinéma, ni au théâtre, ni en forêt, ni voir des expositions. »
Dans ces conditions, Véronique Boulan s’oppose au déploiement des nouveaux compteurs électriques Linky prévu jusqu’en 2021.
Elle avait d’ailleurs écrit au maire de sa commune, Yannick Tasset, en décembre 2015, pour lui demander de refuser la mise en place de cette technologie sur le territoire communal. « Les communes étant propriétaires des réseaux électriques, elles ont la possibilité et, à mon sens, le devoir de refuser. »
Véronique Boulan condamne l’émission dans le circuit électrique des habitations de « radiofréquences toxiques CPL (Courant porteur en ligne) ». Elle fait référence à un rapport canadien qui « établit le lien entre l’installation des compteurs à radiofréquences et l’apparition de symptômes d’électro-sensibilité : migraines, insomnies, nausées, vertiges, troubles de la concentration… ».
Selon elle, les câbles, fils et appareils électriques actuels ne sont pas conçus pour transporter des radiofréquences et donc, « les risques de panne et d’incendie sont réels ». Elle prévient : « Les systèmes sans fil peuvent être facilement piratés » et compare ces compteurs Linky à des « mouchards électroniques portant atteinte à la vie privée ».
Elle conclut en reprochant à Enedis des intentions purement commerciales avec l’installation de ces compteurs : « Rationaliser la distribution d’électricité pour alimenter les gadgets électroniques, l’internet des données et des objets, les voitures électriques, la numérisation et la marchandisation du monde. »
(*) Cette association nationale compte 1 200 adhérents. 15 % de la population française serait touchée par une forme d’intolérance aux ondes électromagnétiques.