Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Un vol en planeur

- T.R.

On m’avait mis en garde : l’ascension en planeur provoque le mal de mer. Avec cette pensée dans le coin de la tête, je me présente à Alban Schnitzler, 63 ans, pilote de ligne en retraite et président du centre aéronautiq­ue de Beynes. Nous avons rendez-vous pour réaliser mon baptême de vol à voile, l’autre nom qui désigne le vol en planeur. Il est 13 h, le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Sur la piste en herbe longue d’un kilomètre, plusieurs planeurs sont posés là, penchés, une aile s’appuyant sur le sol.

Pas de temps à perdre, un voile de cirrus se forme au-dessus de nos têtes. Si l’on veut espérer trouver des « colonnes d’air chaud » indispensa­bles à l’ascension du planeur, il faut décoller immédiatem­ent.

Comme en apesanteur

Coiffé d’un bob personnali­sé de l’associatio­n (pour éviter le risque d’insolation sous la verrière), et équipé d’un parachute (assez lourd) replié dans le dos, je prends position à l’avant du biplace. Alban est donc installé derrière moi, ce qui peut surprendre puisque c’est lui va piloter.

Devant nous, un « motoplaneu­r » Dimona est relié à nous par un long câble. Alban redresse le planeur de sorte qu’aucune des ailes ne touche plus le sol. Et c’est parti. Le petit avion prend de la vitesse et nous entraîne dans sa foulée. Les secousses sur l’herbe durent quelques secondes puis nous voici, comme en apesanteur, au-dessus du sol. Mis à part le souffle de l’air qui s’engouffre dans le petit hublot, aucun autre bruit ne se fait entendre. Il est même très facile de discuter à voix haute avec son compagnon de vol.

L’ascension se fait très progressiv­ement. Rien à voir avec celle au treuil électrique où le planeur se retrouve propulsé à un angle proche de la verticale. Je me dis que la collègue qui m’avait mis en garde avait sans doute testé le treuil. Nous voici à environ 900 mètres d’altitude. C’est le moment de libérer le câble et de laisser le motoplaneu­r rentrer, d’autres planeurs l’attendent. Je les entends presque piaffer d’impatience.

Le planeur ne monte toujours pas

À une vitesse de 100 km/h, nous volons en direction de Thoiry dans le but d’apercevoir les éléphants du zoo. À cette altitude, ils ont la taille de fourmis blanches. Alban fait tourner plusieurs fois le planeur sur luimême au-dessus du parc zoologique et du château. Je me concentre sur l’horizon car je sens mon estomac se réveiller et les gouttes de sueur perler sur mon visage et dans le dos.

Puis, Alban démarre la traque aux colonnes d’air chaud, dans le but de prendre l’altitude nécessaire pour faire le trajet dans le sens inverse. « J’ai bifurqué vers un cumulus mais la colonne d’air chaud n’était pas satisfaisa­nte, explique Alban a posteriori. Alors, je suis allé un peu plus loin vers le nordouest. » Nous survolons Porchevill­e et Mantes-la-jolie, mais le planeur ne monte toujours pas. Alban contacte alors le club de Chérence (95) pour un « remorquage ». L’atterrissa­ge se révèle aussi gracile que le décollage. Alban sollicite les aérofreins, l’appareil s’approche de la piste en herbe… « On définit un circuit que tout le monde suit, ce qui permet à tous les planeurs d’atterrir à la queue leu leu, sans risque, commente Alban. On tourne autour de la piste, c’est ce qu’on appelle la prise de terrain, puis on approche la piste en une minute environ. On se présente face à la longue ligne droite à une vitesse stabilisée et l’atterrissa­ge se fait sur une distance relativeme­nt courte (200 mètres).

Après 45 minutes, notre biplace est à nouveau lancé dans les airs. Cette fois, le motoplaneu­r du club de Chérence nous élève à 1 000 mètres garantissa­nt un retour sans accroc à Beynes. En n’expériment­ant pas moins de deux décollages et deux atterrissa­ges, j’ai même eu la chance de doubler mon plaisir !

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