Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Empreintes indiennes au coeur de la Villa Savoye
«De La Ville à la Villa - Chandighar Revisited» est une exposition d’ana Pérez-quiroga et Rodrigo Oliveira à découvrir à La Villa Savoye, jusqu’au 11 septembre.
En s’appuyant sur les thèmes de l’architecture et des mémoires de voyage, les auteurs ont conçu cette double proposition comme un échange entre une maison de villégiature et une grande ville. Comme si un souffle venu d’inde pénétrait dans la Villa cet été.
Les deux artistes ont voyagé ensemble jusqu’à Chandigarh en 2013. L’inde est un continent et Chandigarh une ville utopique dessinée et construite par Le Corbusier. Ce dernier ne pouvait pas imaginer que les habitants allaient détourner son architecture par l’usage quotidien qui était le leur. Le modernisme est une archéologie du XXE siècle.
Ana et Rodrigo proposent d’entrer dans la Villa Savoye par le garage, vide de voitures aujourd’hui, à la manière des Indiens de Chandighar qui ont subverti les fonctions des maisons de Le Corbusier, délaissant les chambres pour dormir dehors. Ils préfèrent emprunter les trajets de la vie invisible de la Villa, ceux du chauffeur, du jardinier, du cuisinier.
Apportant à la Villa quelquesuns des échos de la vie d’aujourd’hui à Chandigarh, les artistes transforment en un corpus d’oeuvres sculpturales et photographiques certains traits remarquables des architectures urbaines et domestiques de Le Corbusier. Réminiscences de leur séjour qui fonctionnent comme des fenêtres ouvertes sur un continent lointain. Les travaux proposés sont notamment des sculptures de Rodrigo Oliveira, et les carnets de voyage photographiques d’ana Pérez-quiroga.
À propos des artistes
Rodrigo Oliveira crée sa propre cartographie des architectures modernistes utopiques. Il réinvente dans ses sculptures l’usage des rampes qui lient les plans libres modernistes. Ses recherches sur les villes de Brazilia et de Chandigarh, construites respectivement sur les plans d’oscar Niemeyer et de Le Corbusier, lui ont permis d’inventer une fusion des principes architecturaux de ces deux architectes, de concevoir une série de sculptures qui créent des passages ou des rampes dans l’espace de la Villa Savoye. Chacune des oeuvres est polymorphe, peut se plier et nous permettre de regarder l’espace sous une nouvelle perspective, d’en découvrir un nouvel usage.
Ana Pérez-quiroga est une collectionneuse d’objets et d’images du quotidien. Dans la continuité de son projet en cours Breviario do Quotidiano, elle rassemble des objets et des photographies dans des carnets, méticuleusement timbrés, numérotés et classés par année, lieux et personnes.
Sa pratique artistique est liée à sa façon de vivre à tel point qu’elle ouvre au public sa maison de Lisbonne avec tous ses objets.
À Chandigarh, elle a emporté 38 objets qui ont une valeur strictement sentimentale. Les objets d’ana ne sont pas à vendre, ce sont des mémoires qui enrichissent son Bréviaire du quotidien comme s’il nous était donné de récupérer des morceaux de la vie quotidienne d’un lieu lointain, des fragments qui forment un écho de l’inde.
■PRATIQUE
Jusqu’au 11 septembre, à la Villa Savoye, 82 rue de Villiers, Poissy. Tarifs : 6 à 7,50 euros. Gratuit moins de 18 ans. Rens. www.villa-savoye.fr