Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le parapente, vingt minutes avec les oiseaux

- Michel Seimando

Faire du parapente dans les Yvelines, c’est d’abord pousser les portes de l’école de la patience. À l’instar de l’expression « bien attend qui parratend », vouloir voler comme un oiseau requiert une certaine attente. « Le départemen­t des Yvelines n’est pas un site facile pour voler, précisent plusieurs spécialist­es dans les clubs. Il y a tellement d’aérodromes que nous ne sommes pas toujours les bienvenus. » Il est clair que les bimoteurs, déjà nombreux dans le ciel, n’ont que faire des parapentis­tes silencieux qui peuvent voler à des hauteurs similaires.

L’autre écueil cette année fut le mauvais temps du mois de juin. Pluie, absence de vents ascendants, nuages bas… Combien de week-ends annulés !

Restent tout de même deux lieux plusieurs fois cités par mes interlocut­eurs : Beynes - nous serions tirés par des planeurs - et Jeufosse, connu pour sa base de lancement. Mais soyons clairs, les démarrages se font plutôt en Normandie, ou dans le Vexin, voire plus si affinités. « Moi, je démarre de Gisors », explique Sébastien André de l’aéro light Sport. Florian de Gaz’ailles décolle aussi parfois tiré par des planeurs. Il préfère souvent sortir des Yvelines pour plus de facilité.

Tutoyer le vide dans les virages

L’autre conseil à entendre lorsqu’on veut côtoyer les cimes, c’est de privilégie­r le panorama. Qui n’a pas connu de belle envolée frustrée par un paysage terne et sans rondeur.

La montagne se prête donc le plus volontiers au jeu. C’est sur les hauteurs d’annecy que je m’essaye à cette pratique pour moi inconnue jusqu’alors tant l’amour du plancher des vaches m’est grand. Sur place, des clubs à foison. L’un d’eux me fait monter à 1 200 m d’altitude à l’intérieur d’une camionnett­e qui tutoie le vide, dans les virages aux lacets sans fin. Disons que sur le plateau, synonyme de piste de décollage, j’ai déjà perdu plusieurs litres d’eau. Et la peur ne peut pas revenir plusieurs fois, la même journée.

Mon instructeu­r ? Un jeune homme tout bouclé, amoureux des airs, qui est - excusez du

Les adresses et contacts dans les Yvelines pour se lancer dans les airs.

Aéro Light Sport, l’ecole française de vol libre est située 24, Rue des Frères François à Conflans-sainte-honorine. Sébastien André se chargera de répondre à vos questions. Il est disponible à partir du mois de septembre. Tél. 0 683 053 194 ; son mél : sebastien.andre95@gmail.com. Son site wwwaero-light-sport.fr

Les Crécerelle­s à Coignières. Tél. 06 67 47 91 43 (Pierre). Mél : crecerelle­s@free.fr. www.crecerelle.free.fr Parapente Club Les Gaz’ailes. Site web : http://www.lesgazaile­s.com/ Adresse postale : Hôtel de ville. 20, Rue de Crosne 95420 Magny-en-vexin. Tel : 06 09 01 17 31/Mobile : 06 60 57 18 05 peu- ancien membre de l’équipe de France de parapente. Mon coeur se calme aussitôt en écoutant cette si belle nouvelle. Une fois harnaché, sanglé comme un gigot à Pâques, je reçois les quelques conseils avant décollage : « Surtout ne pas reculer. Cela pourrait être dangereux. »

Accroché dans le vide

Sur le plateau dressé en altitude, le vent vous tendant la main, vous vous retrouvez attaché à une voile avec derrière, un individu que vous ne connaissie­z même pas le matin même. Soudain, c’est la course. Ne pas reculer, me répétais-je à l’envie. Et le vide.

Je me retrouve comme dans ces dessins animés de Tex Avery où l’antihéros dépasse la falaise mais reste accroché dans le vide sans tomber, deux à trois secondes. Puis le moment d’extase. Le vent a déjà gonflé la voile. Je sens le courant ascendant indispensa­ble passer sous moi et m’emmener tout là-haut.

Je suis concentré. Le vent puissant m’empêche de tomber. Devant moi, le soleil, le lac et une vue qui vous perce le coeur par sa beauté. Le parapente est guidé par mon professeur aguerri. La caméra et l’appareil photo se mettent en marche. Je tourne la tête à droite, en l’air, à gauche pour immortalis­er des images que j’ai déjà gravé dans ma tête. La voile descend tout doucement. Aucun effet de vertige. On me dit que c’est parce que les pieds ne touchent pas le sol. La descente va durer une vingtaine de minutes. À cette altitude, le pull et les lunettes de soleil sont des amis. Je profite du panorama. Je suis assis au-dessus des cimes des sapins. À cette hauteur, le lac ressemble à une plaque de miroir qui réverbère toute l’énergie du soleil. Moi qui tremble à cinq mètres du sol en faisant de l’accrobranc­he, je suis là grimpé parmi les oiseaux, épris de sensation de sérénité. La descente et l’atterrissa­ge ne seront qu’une formalité pour mon instructeu­r qui m’a demandé si je voulais faire la toupie. J’ai repoussé la propositio­n, honnête sans doute, qui signifiait partir en cercle à grande vitesse. Je voulais rester sur le goût du vent au calme comme on refuse un dessert après un si bon fromage.

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