Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Thomas Bouvais, une ascension fulgurante

- Basile Regoli

C’est une histoire qu’il raconte aujourd’hui sur le ton de la plaisanter­ie mais qui avait certaineme­nt dû le frustrer à l’époque. A 10 ans, comme tous les garçons de son âge, Thomas Bouvais occupait ses récréation­s à jouer au football. Jusqu’au jour où le ballon a été confisqué par un maître d’école, agacé de devoir aller le récupérer chez les voisins lorsque celui-ci passait au-dessus des grilles de l’établissem­ent scolaire. « Il a alors fallu que l’on trouve autre chose pour nous occuper car ce n’était pas possible de ne rien faire. On avait besoin de se défouler, raconte celui qui a grandi à Jambville, petite commune située au nord-ouest des Mureaux. Comme il y avait des tables de ping-pong dans la cour, on s’est mis à en faire et ça m’a bien plu. Au point que quand le ballon est revenu, je suis resté à y jouer. »

Bien lui en a pris puisqu’il est devenu grâce au tennis de table un sportif de haut niveau et s’apprête à disputer dans quelques jours ses deuxièmes Jeux paralympiq­ues. « J’ai fait du foot pendant quatre ans à Gargenvill­e, du badminton aussi à Aubergenvi­lle, de la batterie à Meulan, etc. mais, un jour, j’ai tout arrêté pour ne faire que du ping-pong. J’allais m’entraîner à Saintbrice, dans le Val-d’oise, tous les soirs », se souvient Thomas qui faisait donc quotidienn­ement avec son père une heure et demie de voiture aller-retour après l’école pour pouvoir assouvir sa passion naissante.

Déjà présent aux JO de Londres

À force de travail et de volonté, ce garçon de 25 ans, atteint de nanisme, a réussi à devenir l’un des tout meilleurs joueurs français chez les handisport­s. Son ascension a même été fulgurante puisqu’il est parvenu à décrocher sa sélection pour les Jeux de Londres en 2012, seulement trois ans après ses débuts dans la discipline. Un souvenir indélébile. « J’étais un peu comme en enfant qui va pour la première fois à Disneyland, en rigole celui qui porte les couleurs du club d’eaubonne (Val-d’oise). C’était un rêve que de pouvoir jouer dans la plus grande compétitio­n au monde. J’avais réussi à aller jusqu’en quarts de finale, après avoir battu notamment le n°5 mondial lors des matches de poule. J’étais déjà bien content de moi car je n’avais pas le niveau pour gagner une médaille. »

À Rio, Thomas, qui a posé ses valises sur le sol brésilien vendredi matin, se présentera cette fois-ci dans la peau d’un favori puisqu’il occupe actuelleme­nt le 3e rang mondial dans sa catégorie de handicap (classe 8). Et peut donc légitimeme­nt viser un podium. « Le rêve, ça serait de revenir avec une médaille. Mais le niveau est très homogène. On est sept ou huit à se valoir, sauf le premier mondial qui est vraiment au-dessus. » Autant dire que la moindre erreur pourrait coûter cher dans ce tournoi que tout le monde prépare depuis quatre ans. Avec plus ou moins de difficulté­s rencontrée­s.

Dans le gratin mondial

Pour Thomas, cette olympiade a fortement ressemblé à des montagnes russes avec des hauts et des bas. « Ça n’a pas été simple puisque j’ai eu pas mal de blessures », confirme celui qui a notamment subi en décembre 2013 une opération du genou à cause d’une lésion du ménisque. S’en est suivie une énorme contre-performanc­e lors du dernier Championna­t du monde en 2014. Mais le garçon a réussi à remonter la pente depuis deux ans pour retrouver sa place parmi le gratin mondial. De quoi en faire un sérieux prétendant pour une médaille.

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F.pervillé). Quatre ans après une première participat­ion à Londres, Thomas Bouvais, atteint de nanisme, remet ça cette année à Rio (©

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