Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Electrosensibilité : une reconnaissance difficile
Une centaine de personnes souffrant d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques se sont réunies en forêt de Rambouillet dans le cadre de la rencontre annuelle organisée par le collectif Priartem. Rencontre.
Les électrosensibles ont encore du mal à se faire un nom dans le paysage clinique. Ceux qui en souffrent étaient donc une nouvelle fois réunis, à proximité de La sablière d’auffargis et à l’appel de Priartem, le collectif à dimension national des électrosensibles de France.
« Votre entourage ne comprend pas toujours »
« Nous avons choisi un lieu où il n’y a pas trop d’expositions résiduelles, pas trop de voisins », rapporte Sophie Pelletier, porte-parole du collectif. Le but de ce rassemblement ? Faire connaître les avancées en matière de reconnaissance de la maladie et surtout communiquer, échanger, parler, car nombreux sont les électrosensibles qui se retrouvent démunis et souvent seuls. Le témoignage d’amélie (le prénom a été modifié) est révélateur à ce sujet : « En 2014, j’ai acheté une maison près d’un transformateur et au bout d’un mois je me suis aperçue que quelque chose n’allait pas. En me renseignant sur Internet avec l’aide de mon frère, j’ai pris connaissance de l’électrosensibilité et j’ai compris que c’est ce qui m’arrivait. On se sent alors bien seule car cette maladie n’étant pas encore reconnue, votre entourage ne comprend pas toujours. Mon mari a fini par me prendre au sérieux au bout de plusieurs semaines et nous avons dû revendre dans l’urgence notre maison pour nous mettre en location au Perray-en-yvelines dans un endroit où nous ne captons pas le wifi. ». L’électrosensibilité récente d’amélie handicape la jeune femme dans son travail et sa vie de tous les jours : « J’envisage de travailler à domicile dans un futur proche, mais j’aimerais surtout trouver des solutions pour savoir comment ne plus sentir les ondes car lorsqu’on est exposé, la douleur que l’on ressent est similaire à une inflammation d’une articulation et les séquelles restent longtemps après le début de l’exposition. ». Amélie s’inquiète également pour la santé de ses deux enfants, tout en essayant de ne pas s’alarmer : « Je m’interroge pour pouvoir les protéger au maximum. Surtout que nous vivons dans une époque où beaucoup de choses leur sont imposées, en particulier à l’école donc il faut être vigilant ».
« La sensation d’être brûlée de l’intérieur »
« La maladie évolue au fil du temps, en mieux ou en pire », explique Sophie Pelletier, porte-parole du collectif. « Une personne électrosensible ressent une douleur très aiguë et la sensation d’être brûlée de l’intérieur ». Un handicap lourd, pouvant entraîner des difficultés au niveau professionnel comme en témoigne le cas d’amélie. Priartem mène ainsi un combat à plusieurs niveaux pour faire entendre la voix des personnes intolérantes à ces champs magnétiques de plus en plus présents dans le quotidien. L’un des derniers dossiers sur lequel le collectif a tenu à faire entendre sa parole : les compteurs Linky et l’existence d’un rayonnement électromagnétique confirmé après une étude de L’ANFR, lié à leur installation et « contredisant les déclarations mensongères d’erdf/enedis », souligne les représentants de Priartem. Si la reconnaissance se fait à petits pas, la voix des électrosensibles ne peux plus être passé sous silence aujourd’hui.