Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le surveillan­t de prison a-t-il frappé le détenu ?

- M.S.

Christophe, qui était surveillan­t de prison à la maison d’arrêt de Bois-d’arcy (il a été depuis muté dans une autre prison), s’est-il montré violent à l’égard d’un détenu, dans la nuit du 27 au 28 avril dernier ? C’est la question à laquelle le magistrat de la 8e chambre correction­nelle devra répondre. Son jugement a été mis en délibéré au 10 novembre à14h.

Cette nuit-là, un détenu pour manifester son mécontente­ment ne cesse de boucher l’oeilleton de sa cellule. Il met sa taie d’oreiller, un bout de vêtement. Un premier surveillan­t intervient à deux reprises pour faire cesser le geste. Il entre dans la cellule et le ton monte. Le surveillan­t demande de l’aide à ses collègues. Christophe entre le premier dans la petite pièce. « Je le repoussais avec mon bras gauche. De mon autre bras, j’avais mon collègue que je gardais à distance », explique Christophe qui joint le geste à la parole. Pour Christophe, jamais aucun coup-de-poing n’a été donné. « Je l’ai repoussé contre le mur. Il retirait mon bras. Je lui ai demandé de ne pas me toucher. Il poursuivai­t. Il repoussait mon bras ; je me suis mis en position de défense. Ma main droite protégeait mon visage quand la paume de ma main gauche est venue sur son visage. » À entendre Christophe, c’est ce simple geste qui aurait causé la fracture du nez du détenu. Car ce dernier va se souvenir de l’interventi­on de Christophe : cinq jours d’arrêt, des douleurs à la pommette gauche. Christophe n’en démord pas : il a frappé avec la main ouverte. « C’était comme un mouvement de réflexe de défense », insiste-t-il. L’homme plutôt grand doit avoisiner les 100 kg. En face, le détenu est plus petit et ne fait pas le poids.

Une nuit agitée « Je ne pensais pas l’avoir blessé »

« Vous ne jouez pas franc-jeu. Vous n’aviez pas vu avant de sortir de la cellule que vous l’aviez blessé ? », analyse le président du tribunal.

« Une cellule, c’est un lieu confiné. On apprend les techniques d’interventi­on. Je ne pensais pas l’avoir blessé. »

Pourtant les différents témoins de la scène vont voir ou entendre des choses qui laissent à penser que Christophe va littéralem­ent mettre une droite au détenu devenu ingérable.

En face, le détenu présent à la barre explique qu’il ne pouvait plus bouger. « Il me tenait à distance par la trachée. J’ai repoussé sa main qui m’étranglait. Ensuite, je n’ai pas vu le coup venir. » Là encore, le président, qui a lu tout le dossier, s’interroge : « Vous lui avez dit : tu n’as rien dans la culotte. Vous pensez que c’est de nature à calmer les choses ? Vous cherchiez un peu les ennuis, non ? »

« J’étais malade. J’étais mal traité. Ils allumaient la lumière, la nuit. Je me sentais discriminé », a expliqué le détenu qui a mal vécu ces moments-là.

Durant près de deux heures, le juge a entendu deux versions qui s’opposaient : une main ouverte aux conséquenc­es énormes ou bien un coup-de-poing pour calmer un détenu récalcitra­nt. Pour la procureure de la République, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’un coup-de-poing et donc d’un fait de violence. Elle a requis 4 mois de prison avec sursis. Elle n’est pas opposé à la non-inscriptio­n de la peine sur le casier du surveillan­t.

Réponse le 10 novembre.

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