Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
La Vésigondine Djamila Youssef-khodja primée au MIT
Djamila Youssef-khodja, Vésigondine de 35 ans, a remporté avec ses deux coéquipiers américains le troisième prix du Global Entrepreneurship Bootcamp du Massachusetts Institute of Technology. Elle revient sur ces sept jours d’épreuves intensives.
Quel est votre parcours ?
En premier lieu, j’ai suivi une formation en sciences humaines après avoir débuté une prépa littéraire. À la suite de l’obtention de mon master en sociologie à Paris VIII, j’ai travaillé dans plusieurs centres. Pour différentes raisons, je me suis réorientée vers le monde de la finance. Après quatre années à travailler pour des banques d’affaires, j’ai eu le sentiment de tourner en rond, le métier ne répondant pas à mes objectifs personnels et professionnels. Je me suis alors posé la question « comment être utile aux autres ? ». Mon choix s’est donc porté sur la thérapie que j’ai pu étudier aux États-unis avec une spécialisation dans la thérapie par l’hypnose. J’ai ensuite ouvert différents cabinets à Paris et à Genève, notamment. J’ai aussi animé des congrès et des formations ce qui m’a permis de retourner aux États-unis à plusieurs reprises.
Comment avez-vous été amenée à participer au Global Entrepreneurship Bootcamp du MIT ?
En participant à des conférences et des formations à Harvard, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes du monde entier. Ces interactions permettent d’élargir les champs du possible. Et c’est en discutant avec elles que j’ai entendu parler de ce concours du Massachusetts Institute of Technology (MIT) situé à deux stations de métro de Harvard. J’ai donc soumis une candidature dossier et passé deux entretiens. Sur les 1200 candidatures, seulement une soixantaine était sélectionnée. Autant vous dire que lorsqu’on apprend qu’on a été prise, un sentiment indescriptible nous traverse. J’étais partagée entre la fierté, la joie et une légère appréhension, cela reste une belle victoire en soi. Et comment s’est passée cette expérience ?
On a d’abord eu une préparation afin d’être formaté pour le concours de sept jours. Du début à la fin, chaque étape était mise en oeuvre à la seconde près. Les instructeurs nous ont alors dit que nous allions dormir seulement deux heures par jour. Ce qui s’est avéré vrai mais pas problématique. J’ai d’ailleurs conservé ce rythme depuis. Il a ensuite fallu constituer des équipes de trois à quatre personnes. Il est important de bien choisir ses partenaires pour travailler ensemble malgré la fatigue et le stress. Nous avons donc formé un groupe de trois avec deux Américains dont l’une avait vingt ans seulement. Notre projet s’est alors porté sur la recherche d’une molécule permettant de fixer les toxines libérées par les marées noires qui se déversent dans les fonds marins.
À la fin des sept jours de recherche et de développement, nous avons présenté notre projet devant deux jurys composés de financier. J’ai pu apporter mon expérience pour cette étape ayant travaillé quatre ans dans la finance, je savais comment présenter notre projet. Enfin, le dernier jour, nous nous sommes vus remettre le 3e prix, ce qui était inespéré.
Qu’est ce qui vous a marqué au cours de ces sept jours de concours ?
Les rencontres tout d’abord. J’ai rencontré des personnes extraordinaires, de tous horizons qui étaient réunies pour un seul objectif. J’ai également été marquée par la mentalité anglosaxonne. Lorsqu’ils se fixent un objectif, rien ne les empêche de le réaliser. Les obstacles, qui sont perçus comme des murs parfois en France, ne sont jamais insurmontables pour eux. Ils se donnent entièrement dans ce qu’ils font sans penser à l’échec. En 2015, par exemple, l’un des candidats avait inventé un appareil permettant de dépister dixhuit types de cancers à partir d’une simple goutte de sang. Il lui a ensuite fallu près de huit mois pour concrétiser son projet. Nous sommes formés sur place pour être dans l’action.
Comment voyez-vous l’avenir ? Avez-vous des projets ?
Cette expérience m’a donné envie de restructurer mon travail. J’ai envie de développer un modèle de thérapie hybride qui mêle à la fois la médecine alternative et la médecine clinique. Je veux également développer mes cabinets en France et ouvrir des lieux pour permettre aux personnes qui ont subi de lourds traitements thérapeutiques, de les aider à retrouver une vie normale. D’après l’organisation mondiale de la santé, on a en France le plus fort taux de dépression. C’est pourquoi je souhaite apporter ma pierre à l’édifice en développant mes projets ici. Le MIT m’a également proposé de devenir mentor, ce que je pense faire peut-être un jour.