Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Leur lettre au Président
« L’ensemble de la communauté des soignants de France s’indigne du peu d’égard que vous lui témoignez ! Durant ces deux dernières décennies, les conditions de travail de tous les professionnels de santé se sont détériorées de manière progressive puis accélérées. Votre quinquennat n’a pas échappé à la règle et a confirmé que la santé n’était pas l’une des priorités de la classe politique. Aujourd’hui, de plus en plus de soignants se trouvent en situation de profonde souffrance au travail.
La majorité d’entre eux ressentent un fort sentiment d’abandon, pris entre les recommandations et le manque de moyens donnés pour les atteindre, tout en étant en première ligne, au chevet des patients. Votre politique et celle de vos prédécesseurs en sont clairement responsables. Depuis le plan Hôpital 2007 et l’instauration de la Tarification à l’activité (T2A), les conditions de prise en charge des patients se sont encore plus dégradées, en milieu hospitalier, mais plus généralement tout au long du parcours de soin. (…) Priorité est ainsi donnée aux actes tarifés au détriment de la dimension humaine du soin. (…) En effet, ne pas prendre en compte les causes de l’augmentation des absences dans les établissements de soins présente un coût non négligeable. (…)
Le plan triennal d’économie lancé par Madame Touraine, à savoir l’amaigrissement de 3 milliards d’euros du budget des hôpitaux, a amplifié le malaise, la dégradation des conditions de travail et de prise en charge. Mais plutôt que d’être attentive aux incidences, notre ministre de tutelle dresse fièrement un bilan chiffré, positif selon elle, mais contestable et contesté par ailleurs.
Aux interpellations des professionnels de santé, suite aux suicides médiatisés cet été, vous avez, Madame Touraine, après un long silence répondu par des annonces de plan à venir sur la prévention des risques psychosociaux, puis d’amélioration de la qualité de vie au travail. Mais, tandis que les mesures concrètes se font attendre, vous poursuivez votre communication chiffrée. Vous affirmez au micro de RMC que les infirmiers ont été augmentés de 250 à 500 € puis, sur BFM TV, vous annoncez la hausse des salaires et des recrutements dans la fonction publique. N’est-ce pas un mensonge par omission Madame Touraine ? Pourquoi n’avez-vous pas évoqué la conversion des primes en points d’indices expliquant cette pseudo-revalorisation mais qui ne traduira pas de majoration de nos revenus mensuels ?
Pourquoi ne parlez-vous pas du nombre de demandes de disponibilités qui explose dans la fonction publique ? Pourquoi ne parlez-vous pas du nombre croissant de soignants qui quittent le secteur hospitalier pour s’installer, au mieux, en libéral et tenter d’exercer dans des valeurs qui leurs sont chères, au pire, pour se reconvertir ? (…)
Nous demandons des actes, des moyens, des effectifs adaptés à la charge de travail permettant de garantir la qualité et la sécurité des soins.
Désormais, votre politique de santé doit changer. »