Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Les orthophonistes, même combat
Comment exercer en milieu hospitalier quand on touche moins de 1 300 € ? Depuis des mois, les orthophonistes manifestent pour des salaires plus justes à l’hôpital. « Une orthophoniste aujourd’hui qui veut travailler à l’hôpital est payée au SMIC, expliquait il y a quelques mois Delphine Vigouroux de la FNO (Fédération nationale des orthophonistes) dans les Yvelines. Nous avons obtenu un niveau master (bac +5). Vous imaginez. Comment voulez-vous avoir une attractivité dans la fonction publique hospitalière avec de tels revenus ? Nous réclamons au moins 1,5 voire 2 fois le SMIC pour attirer les jeunes orthophonistes vers l’hôpital. Les conséquences pour nous qui sommes en libéral sont importantes : nous sommes étranglés. Les patients ne trouvent plus personne dans les hôpitaux. Ils se tournent vers les cabinets des villes. Il faut que l’hôpital tienne compte du parcours et de la formation des orthophonistes. »
Depuis la rentrée, les étudiants et professionnels en orthophonie se mobilisent pour obtenir justement une rémunération conforme à leur niveau d’études. Aujourd’hui, un orthophoniste est payé 7,50€ de l’heure à l’hôpital. Selon les organisations syndicales, cela correspond à la rémunération d’un métier valorisé à bac+2 dans le secteur. Or, la formation pour devenir orthophoniste débouche, depuis 2013, sur un diplôme reconnu à bac +5. Pour protester, plusieurs manifestations ont rassemblé parfois jusqu’à 300 professionnels devant l’hôpital de La Pitié-salpêtrière à Paris où sont formés les jeunes « orthos ». Une mobilisation nationale a été lancée le 3 novembre par les principaux syndicats du secteur.
Qu’en est-il des effectifs ? Le nombre d’orthophonistes en milieu hospitalier était de 1 472 professionnels en 2010 contre 1 813 au 1er janvier 2016, selon la Fédération nationale des orthophonistes. En libéral, les effectifs d’orthophonistes sont passés de 15 384 en 2010 à 19 820 aujourd’hui. L’exercice libéral est ainsi passé de 19% des professionnels en 1970 à plus de 80% aujourd’hui. Et selon la Fédération nationale des étudiants en orthophonie, seuls 5% des nouveaux diplômés opteraient pour le salariat.
Dans un premier temps, le ministère de la Santé leur a proposé une revalorisation de la rémunération à bac +3. Face au refus des organisations syndicales, qui demandent une rémunération à bac+5, le gouvernement a proposé une prime mensuelle de 120 euros bruts pour un professionnel titulaire « exerçant dans une zone avec un risque significatif de fragilisation de l’offre soins ». Une mesure rejetée en bloc. Aujourd’hui, les attentes de prise en charge sont énormes dans les cabinets des orthophonistes en libérale. Le ministère de la Santé, lors d’une réunion le 18 mai, a proposé une prime de 9 000 euros, répartie sur trois ans, au prorata du temps de travail uniquement pour les kinésithérapeutes et les orthophonistes.