Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Élèves et enseignants soutiennent la prof de philosophie
Une enseignante non-voyante du lycée Jeanne-d’albret à Saint-germain-en-laye, ne bénéficie plus d’un allégement d’horaire qui lui permettait d’exercer normalement son métier. Enseignants et élèves ont lancé des pétitions pour tenter de changer les choses.
Des lycéens et des enseignants du lycée Jeanne d’albert à Saint-germain-en-laye sont fortement mobilisés et ont lancé des pétitions pour soutenir une professeure certifiée de philosophie victime, selon eux, d’une « véritable injustice ». Tous sont révoltés par le fait que cette dernière, qui souffre d’un handicap visuel génétique, ne peut plus bénéficier d’un allégement horaire. Accordé durant ses premières années d’exercice du fait de sa situation particulière, il permettait à Pascaline Hansrefior, arrivée à Jeanne-d’albert en 2010, d’assurer 12 heures de travail hebdomadaire contre les 18 normalement exigées.
3 heures en plus chaque année
Malheureusement, cet allégement qui lui permettait d’assurer ses cours normalement avec l’aide permanente d’une assistante de vie scolaire s’est vu remis en question. Ainsi, à partir de la rentrée 2015/2016, il a été demandé à Pascaline d’assurer non plus 12 mais 15h puis 18, depuis septembre dernier. Pascaline Hans-refior se retrouve désormais dans la situation où elle doit accomplir autant d’heures devant les élèves que ses collègues, alors que son handicap entraîne un temps de travail, hors cours, bien supérieur.
Dès le début, cet accroissement n’a pas été sans conséquence. Tout d’abord, l’assistante chargée de la surveillance des cours, mais surtout d’assurer l’interface pour tout le travail de correction, le travail administratif… n’a pas résisté à la surcharge de travail.
« J’ai pensé arrêter »
Malgré un fort élan de solidarité de plusieurs professeurs qui se sont organisés bénévolement pour la remplacer, c’est Pascaline qui finira par craquer. Elle sera absente plusieurs mois. « À ce moment et malgré ma passion pour l’enseignement, j’ai pensé moi aussi à arrêter », explique-t-elle. Mais elle s’accroche. Au moment de passer à 18 h, à la rentrée 2016, la direction du lycée s’est bien arrangée pour que l’enseignante ait trois classes au lieu cinq comme l’année précédente, mais la situation demeure très compliquée.
« Cette suppression de l’allégement a des conséquences sur ma santé, sur l’assistante qui m’aide, sur l’équipe… ajoute l’enseignante. Je me suis toujours débrouillé pour qu’il y ait le moins de répercussions possible sur les élèves et leur réussite, mais je sens bien que cela pourrait arriver dans ces conditions. »
« Nous nous heurtons à un mur »
Dès qu’elle a appris, en juin 2014, cette menace qui pesait sur l’allégement dont elle bénéficiait, Pascaline a entamé une procédure devant le tribunal administratif. « Personne ne m’a jamais dit que cet allégement pourrait être amené à être remis en cause », indiquet-elle. L’action est toujours en cours. Elle a également multiplié les démarches auprès du rectorat de l’académie de Versailles, mais comme les enseignants qui avaient adressé, en 2015, une première pétition de 260 signatures à cette administration, sans résultat.
« Nous nous heurtons à un mur et nous n’avons pas de réponse ni d’interlocuteur, indique Alain Poirson, un ancien collègue ayant enseigné pendant 13 années au lycée Jeanne d’albret. Nous ne pouvons pas accepter cette situation. Le rectorat justifie la suppression de l’allégement par l’application d’un texte qui concerne des personnes dont l’état de santé évolue. Cela ne peut pas concerner Pascaline dont le handicap est génétique et ne connaîtra pas d’évolution. Ce qui est révoltant, c’est qu’il n’y a personne qui se déplace sur le terrain pour se rendre compte de ses conditions de travail.»
Nous avons contacté le rectorat de Versailles pour évoquer le cas de Pascaline Hans-refior, mais nous n’avons pas obtenu de réponse.