Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’héritage bio de Suzanne, productric­e et transforma­trice à Poissy

- T.R.

« Dans la tête de beaucoup de gens, le bio égal cher. Cela devrait d’abord être bio égal santé des humains, des animaux et de la planète. » Suzanne Ramousse, 48 ans, est installée avec son conjoint Jean-françois Hardouin à Poissy depuis 2009. C’est là qu’ils transforme­nt le produit de leur élevage bio situé à Beauchêne, dans le bocage ornais. « On a une ferme de 110 hectares qui est biodiversi­fiée. » Autrement dit, ils élèvent aussi bien des bovins (race limousine) que des cochons, des moutons, de la volaille ou des lapins. Le tout « sans aucun traitement, sauf le soleil et la nature ! ». Le couple a également quelques arbres fruitiers. « On voudrait produire des légumes, on a la surface pour, mais on ne trouve personne pour le faire… »

Suzanne Ramousse se dit fière d’être la seule productric­e et bouchère bio d’ile-de-france. Cette mère de trois adolescent­s ne jure que par le bio. Et ce depuis toujours. Un héritage de ses parents. « Ma mère était ingénieure agronome et mon père ingénieur informatic­ien. Ils ont eu un souci de santé et ils n’arrivaient pas à se soigner. Ils ont essayé avec la médecine douce qui les a guéris. Ça les a fait réfléchir sur l’importance de manger sainement. » C’est ainsi qu’en 1971, ils se sont lancés dans une activité d’élevage bio, d’abord en Corse, puis dans la région de Niort.

Formule 1

« Dès l’âge de 5 ans, j’accompagna­is mes parents sur les marchés. Je me suis formée sur le tas avec eux. » Une des leçons qu’elle a bien retenues et qu’elle applique toujours : « Respecter le rythme de production de la nature et non pas aller à la vitesse d’une formule 1. » Que ce soit pour ses boeufs ou ses veaux, le temps est une donnée primordial­e. « Nos boeufs ont au minimum atteint l’âge de trois ans avant l’abattage, c’est ce qui fait que la viande est à maturité. Aujourd’hui, les veaux sont généraleme­nt enlevés de leur mère vers 8 ou 9 mois, et on les fait vite grossir avant de les abattre à 18, 20 ou 24 mois. Mais c’est ce qu’on appelle du baby boeuf. » Suzanne revendique, au contraire, une viande avec une qualité nutritionn­elle optimale « et un goût comme la viande d’autrefois ».

Dans son atelier de transforma­tion, rue des Capucines à Poissy, elle prépare aussi de la charcuteri­e. « Après l’émission de Lise Ducet sur le nitrite de sodium dans le jambon, on a vu un afflux de demande pour notre charcuteri­e. Cela a permis d’ouvrir les yeux des gens. »

Aller de l’avant

S’ils sont en attente d’une réponse de la mairie pour obtenir une place sur le marché de Poissy, Suzanne et son conjoint partagent leur présence le dimanche matin entre le marché bio de Bois-d’arcy et celui du boulevard Raspail à Paris. Le samedi matin, on les trouve sur le marché bio du boulevard des Batignolle­s, à Paris. Le samedi après-midi, de 16 h à 20 h, ils proposent de la vente en direct à Poissy. Suzanne et Jean-françois misent tout sur le circuit court.

« Bizarremen­t, on a très peu de Pisciacais parmi nos clients. On a surtout des Parisiens et des gens du 93, 94 et du 95, très peu du 78. Tout le monde parle d’un engouement pour le bio, mais on ne le ressent pas vraiment localement. »

Suzanne et Jean-françois ont investi 20 000 euros pour pouvoir proposer de la viande sous-vide. « On va investir encore 20 000 euros dans du matériel et de la formation pour pouvoir répondre à la demande des clients qui veulent des plats préparés qui se conservent. Cela permettra de faire des plats stérilisés en bocaux qui se conservent trois ans. De toute façon on n’a pas le choix, il faut aller de l’avant ! »

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Suzanne Ramousse et Jean-françois Hardouin transforme­nt la viande à Poissy.

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