Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
David Madec a choisi la Villa et le château
Brestois de 39 ans, David Madec est depuis la rentrée de septembre, le nouvel administrateur de la Villa Savoye à Poissy et du château de Maisons-laffitte. Un poste pour lequel il s’est battu, confie-t-il.
« Je me suis battu pour venir ici ! » La conviction se lit dans le regard bleu clair du nouvel administrateur de la Villa Savoye et du château de Maisons-laffitte. David Madec, Brestois de 39 ans, succède à Hervé Yannou qui lui est parti administrer le château d’angers, toujours pour le compte du Centre des monuments nationaux. C’est donc avec enthousiasme que le Breton a saisi l’opportunité de gérer ces deux monuments aux styles si différents que sont la villa pisciacaise des années 30 imaginée par Le Corbusier et le château de René de Longueil conçu par Mansart au XVIIE siècle.
« Avoir à gérer les deux en même temps, c’est assez drôle car ces deux monuments ont des contraintes et des publics différents », témoigne-t-il. Le château, avec ses 25 000 visiteurs annuels principalement issus du département, exige sans doute une gestion similaire à celui d’ecouan, dans le Val-d’oise où David Madec a officié pendant trois ans, après son DESS de gestion du patrimoine français et européen à Paris I, il y a une quinzaine d’années. Il bénéficie, en outre, d’un diplôme bac plus 5 en histoire et histoire de l’art.
L’aura internationale de la Villa Savoye (37 000 visiteurs dont bon nombre de Japonais) se rapproche davantage de celle du Louvre et de la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris. « J’ai travaillé pendant trois ans au musée du Louvre comme responsable de la communication avant de devenir directeur de la communication et des partenariats à la Cité de l’architecture, poste que j’ai occupé jusqu’au 25 septembre dernier. » Le lendemain il prenait ses fonctions dans les Yvelines.
Cinéma et Melnikov
À peine arrivé que déjà il prépare des événements pour l’un comme pour l’autre. Le premier rendez-vous sera dès le 3 décembre au château mansonnien, avec une exposition originale qui ravira les cinéphiles. « On a voulu faire une proposition ludique pour la période entre les vacances de Noël et celles de février et en même temps montrer au public ce qui se fait quand il n’est pas là. »
En l’occurrence, l’exposition s’attachera à mettre en valeur le nombre impressionnant de tournages de films et autres séries et téléfilms que le château de Maisons-laffitte a accueillis au cours de ces dernières années. Les visiteurs pourront notamment découvrir les nombreux costumes utilisés dans le film Vatel de Roland Joffé tourné avec Gérard Depardieu et Uma Thurman en 2000.
Pour la Villa Savoye, le projet prendra forme au printemps prochain. « On travaille avec la Maison Melnikov à Moscou, car depuis le mois de juin, les deux monuments sont jumelés. » L’architecte russe Constantin Melnikov (18901974), farouchement opposé au style stalinien, avait eu l’occasion de croiser Le Corbusier en 1925. « Ce dernier l’avait emmené dans son automobile pour faire le tour de ses réalisations. Leurs styles étaient très différents mais tous deux ont su faire table rase du passé. La Villa Savoye comme la Maison Melnikov sont deux maisons concepts, chacune est un traité d’architecture sur pattes ! »
Travaux
À compter du 1er avril prochain, les visiteurs de la Villa Savoye auront le privilège de découvrir une série de reproductions de photographies de la Maison Melnikov (deux tours cylindriques emboîtées et percées d’un motif régulier de jours hexagonaux) que Constantin Melnikov s’était construite entre 1927 et 1929. « On s’inscrit dans le cadre du Mois de la photo. Les photos sont issues des fonds du Musée national d’architecture à Moscou. On y trouve notamment des clichés pris par Henri-cartier Bresson. »
Ces deux initiatives reflètent les objectifs du nouvel administrateur : « Mieux faire connaître les collections et les monuments qui les abritent et accompagner les visiteurs pour qu’ils soient en mesure de retenir quelque chose de leur visite. »
D’importants travaux ont déjà démarré au château, notamment un chantier de quatorze mois et de 1,3 million d’euros pour restaurer les frises que l’on peut voir le long de la façade entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Par la suite, la cour pavée et la grille d’honneur pourraient retrouver leur éclat, mais rien n’est encore déterminé.
À la Villa Savoye, désormais classée au patrimoine mondial de l’unesco, la loge du jardinier a déjà bénéficié d’une restauration complète l’an dernier. La Villa elle-même devrait bénéficier à plus ou moins long terme du même traitement. « On travaille actuellement sur des études préalables. » Pour David Madec, le combat ne fait donc que commencer.