Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
« L’etat veut la disparition des chambres de commerce »
Fraîchement réélu président de la chambre de commerce des Yvelines, Gérard Bachelier dresse les grandes lignes de son deuxième mandat, et s’inquiète du financement des CCI drastiquement restreint par l’etat.
Votre liste a gagné les élections consulaires et les membres de la nouvelle assemblée vous ont élu, pour un second mandat, à la présidence de la CCI des Yvelines. Votre première impression ?
Gérard Bachelier : « D’abord, une grande satisfaction, évidemment. Cette élection montre que les actions menées lors de mon premier mandat ont été reconnues et approuvées. Ensuite, une relative déception au regard du taux de participation à ce scrutin : 6,77 % dans les Yvelines. C’est mieux que la moyenne francilienne qui se situe à 4 %, mais cela montre que les chefs d’entreprise n’ont pas compris l’intérêt d’être représentés. Nous devons donc continuer à nous mobiliser pour qu’ils comprennent mieux ce que nous faisons.
Justement, quelles vont être les grandes lignes de votre second mandat ?
Nous allons continuer ce que nous avons entrepris depuis 2013 : un travail de terrain, au plus près des chefs d’entreprise et des territoires. L’ancrage et le maillage des entreprises sont en effet des éléments essentiels de la dynamique économique de notre département et seront, au cours des cinq ans qui viennent, au centre de nos actions. Par ailleurs, nous continuerons à porter de grands projets comme le hub automobile, le développement du tourisme en Vallée de Seine, le défi de Paris-saclay, l’innovation avec notre dispositif Open’ynnov, le développement de l’aéroport de Toussus-le-noble… »
Les projets, nouveaux ou déjà engagés sont là, mais où en sont les moyens pour les mettre en oeuvre ?
C’est une question cruciale qui, depuis 2013 s’est transformée en une véritable inquiétude. Depuis plusieurs années, la taxe pour frais de chambre (TFC), payée directement par les entreprises et qui sert à financer les missions au profit des entreprises, est en baisse significative. Pour la seule CCI Paris Ile-defrance, la TFC brute notifiée sur la période 2013-2016, est en diminution de 138 M€ (soit -40 %).
La chambre a, par ailleurs, été affectée par deux prélèvements exceptionnels successifs : le premier en 2014 (53,3 M€, prélèvement opéré sur le produit de TA-CVAE plafonné), le second en 2015 (98,8 M€, sur le fonds de roulement des trois chambres d’ile-de-france).
Au total, cela représente une perte de 290 M€ en trois ans. Aujourd’hui, nous apprenons que le projet de loi de finances 2017 contient une disposition qui, si elle est adoptée, aura des conséquences absolument dramatiques sur la pérennité des services que les CCI rendent aux entreprises, aux jeunes et aux territoires où elles sont implantées.
Pour la quatrième année consécutive, le gouvernement propose une nouvelle réduction de la fiscalité qui nous est affectée. Cette nouvelle baisse aurait des effets dévastateurs. J’ai le sentiment qu’en agissant de la sorte, l’etat veut la disparition des CCI.
Comment comptez-vous lutter contre ce projet ?
En mobilisant tous les élus et toutes les forces économiques de notre territoire. Nous avons aussi déployé des banderoles sur nos bâtiments et sur nos écoles pour afficher notre inquiétude. Il est tout de même paradoxal de nous affaiblir encore alors que la relance de la croissance et de l’emploi, et la formation des jeunes très touchés par le chômage sont en tête des priorités de notre pays ! »