Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le skipper virtuel permet à J. Le Cam de faire le Vendée Globe

- M.V.

Il n’a jamais fait de voile et n’est pas vraiment passionné par les jeux vidéo. Pourtant, Denis Galienne, un quinquagén­aire de Saint-arnoult, a entamé avec enthousias­me son troisième Vendée Globe virtuel, tout comme 400 000 autres personnes dans le monde et 5 200 dans les Yvelines. « Virtual Regatta est un logiciel en ligne gratuit qui permet de faire la même course qu’en vrai, d’ailleurs on peut suivre l’avancée des vrais navigateur­s ! On donne un nom à son bateau, on choisit notre voile, notre cap, le tout en fonction des conditions météo qui nous sont données avec des prévisions à trois jours », raconte Denis, commercial de profession, qui a pris le départ de la course comme les pros, le 6 novembre dernier.

« Ce qui me plaît dans ce concept, c’est qu’il s’agit de stratégie, de réflexion et d’aventure car on navigue jour et nuit.» Si Denis ne passe qu’une heure de sa journée à jouer, certains utilisateu­rs sont de vrais accros qui n’ont plus de vie pendant les trois mois du Vendée Globe. « J’avoue que c’est prenant. Plus d’une fois, j’ai du tout de même dû m’arrêter sur l’autoroute pour trouver des restaurant­s qui avaient le wi-fi afin de procéder à des ajustement­s d’urgence », confie le passionné. Et d’ajouter: « Mais au-delà de l’aspect virtuel, cela permet aussi de se faire des amis. Je fais partie d’un groupe de joueurs qui se réunit une fois par mois à Paris. »

Sa passion pour le Vendée Globe n’est tout de même pas tombée du chapeau. Denis a une maison de famille aux Sables d’olonne, ville d’où partent les navigateur­s pour un tour du monde en solitaire et sans escale. Cette maison est située rue Minage, d’où le nom de son bateau, Minage 85. Tous les quatre ans, il assiste au départ de cette course qu’il considère « comme la dernière avec de vrais aventurier­s qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger. C’est pour ça que la faire depuis mon ordinateur me va très bien ! »

Il y a quelques mois, il s’est penché sur la liste des skippers partants. « Et quelle ne fut pas ma surprise de voir que Jean Le Cam, l’un des plus grands navigateur­s français au regard de son palmarès, ne pouvait pas être sur la ligne de départ faute de sponsors… »

Alors qu’il ne le connaît ni d’ève ni d’adam, il décide de créer une page Facebook pour le soutenir. « Je l’ai fait dans la matinée et dès l’après-midi, je recevais des centaines de messages de personnes qui voulaient l’aider financière­ment ou lui donner un coup de main sur son bateau pour l’électroniq­ue par exemple. Puis j’ai reçu un coup de téléphone de l’une de ses filles. Emballée par mon idée, elle est devenue cogestionn­aire de la page. »

Cette initiative a été la petite étincelle qui a redonné espoir à Jean Le Cam. « Avec sa famille, ils ont découvert cette page au moment où c’était le plus difficile pour eux. Ensuite, Jean Le Cam a lancé de son côté une souscripti­on en ligne, ce qui lui a permis de pouvoir prendre le départ. »

Mi-octobre, Denis s’est rendu au village de départ aux Sables-d’olonne. « Nous nous sommes rencontrés par hasard et il m’a tout de suite invité à venir faire un tour sur son bateau, moi qui n’ai jamais navigué de ma vie ! On a sympathisé et je suis tout particuliè­rement son parcours car, évidemment, c’est mon chouchou. Sa fille me donne de ses nouvelles régulièrem­ent. »

Le skipper virtuel a donc à sa façon aidé le grand navigateur français à participer à son quatrième Vendée Globe. De son côté, Denis poursuit tranquille­ment son aventure depuis sa chaise. Pour l’heure, il entre dans l’océan Indien et se trouve au sud de Madagascar. Sur 400 000 joueurs, il se classe 50 000 et 792 sur les 5 200 Yvelinois utilisant Virtual Regatta. « Mon but c’est de terminer la course dans la meilleure position possible. Il y a quatre ans j’avais bouclé le tour du monde en 78 jours mais cette année, vu les conditions météo moins favorables, je pense le faire en 80 ou 85 jours. »

Une chose est sûre, il sera sur la ligne d’arrivée car son bateau virtuel ne peut pas se renverser, ni son mât se casser. « La seule chose, c’est que l’on peut s’échouer… mais on peut repartir ! » Boucler un tour du monde à la voile sans se mouiller, c’est donc désormais possible.

« C’est mon chouchou »

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