Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Contrastes et lumières de Laponie à Saint-germain-en-laye

Gilles Molinier, passionné de photograph­ie, présente une sélection d’une douzaine de paysages de Laponie réalisés durant les étés 2014 et 2015. Éblouissan­t de contraste.

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Lorsque vous entrez au centre administra­tif de Saint-germainen-laye, sur la gauche des panneaux affichent la couleur si on peut dire. Gilles Molinier expose jusqu’au 14 décembre des clichés noir et blanc pris à l’occasion d’un séjour en Laponie durant les étés 2014 et 2015. Ce vaste territoire de l’extrême nord de l’europe se partage entre le nord de la Norvège, de la Suède et Finlande mais aussi dans le nord de la presqu’île de Kola en Russie. « A cette époque de l’année, la Laponie n’est plus recouverte de neige ni de glace. On n’a pas l’habitude de voir ces vastes paysages qui se découvrent alors contrastés, éclairés par une luminosité rasante. » Le milieu rugueux aux lignes marquées devient alors hostile. Sa lecture à la fois douce et contrastée donne à ces paysages bruts et fascinants, une forme rugueuse et grandiose. « J’ai voulu montrer cette hostilité et ce contraste entre la mer et la terre et la petitesse de l’homme dans ce monde à part. Dans ce vaste territoire encore très sauvage, l’homme doit nécessaire­ment s’adapter et rester humble face à sa puissance. »

Le pictoriali­sme

Sur le plan artistique, Gilles Molinier s’inspire d’une démarche «pictoriali­ste». Le pictoriali­sme est un mouvement proche des plasticien­s qui veut faire de la photo autre chose qu’un simple reflet de la réalité avec cette question : estelle un art ou bien n’est-elle qu’une technique ? « Il y a une forme d’ambiguïté. Celui qui regarde hésite, doute sur ce qu’il voit : est-ce de la peinture, de la gravure ? Le parti pris du cadrage et le noir et blanc accentuent l’hésitation. Nous sommes entre l’onirique et l’inquiétude. C’est ce point d’équilibre que je retrouve dans mon travail. On ne sait pas dans quelle pente on se trouve. »

Ici, sur un tableaux, la ligne d’horizon est renforcée et démarque la mer d’huile et la terre. Là, les noirs sont très profonds. Sur une autre photo, la noirceur de la roche minérale semble croquer le paysage éclairé comme si elle se nourrissai­t d’elle-même. « Je m’inspire de ce qui a été fait en matière d’art. » On pense à la trahison des images, l’oiseau de ciel de René Magritte.

La signature photograph­ique de Gilles Molinier construit un mélange complexe de douceurs et de contrastes, créé un mélange épuré et dense. Le réalisme se dérobe pour laisser place à une forme de contemplat­ion poétique et émotionnel­le.

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Michel Seimando

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