Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Hameçons abandonnés : tueurs d’oiseaux en bord de Seine
Les hameçons abandonnés en bord de Seine causent des dégâts considérables, selon certains spécialistes, sur la faune environnante. Récemment, un héron est mort après avoir ingéré ce petit objet métallique, sur les berges de Maisons-laffitte.
Les bords de Seine sont très fréquentés par les pêcheurs. Et il arrive, par inattention ou négligence, qu’ils abandonnent du matériel cassé sur les berges ou au bord de l’eau. Un oubli qui n’est pas sans conséquence. Dernière illustration en date, dans les Yvelines, le 31 octobre dernier : un héron est mort après avoir ingéré un hameçon, près de l’île de la Commune, à Maisons-laffitte.
Agonisant avec ce crochet métallique en lui, le volatile a été pris en charge par un retraité, puis par des amateurs de paddle qui passaient sur le fleuve. L’animal a été amené le jour même au Centre d’accueil de la faune sauvage (Cedaf) de Maisons-alfort (94), établissement vétérinaire agréé pour la prise en charge des animaux non-domestiques le plus proche. Le héron n’a pas survécu à son opération.
Le Cedaf s’en est ému sur sa page Facebook, rappelant au passage certaines règles de bon sens : « Nous l’avons déjà signalé plusieurs fois : les hameçons et les fils de pêche oubliés font des dégâts considérables chez les oiseaux qui vivent sur ou au bord des cours d’eau. Avalés par erreur ou par accident, ils s’accrochent, provoquent gêne et infection et l’animal finit par mourir d’une lente agonie. Nous en sauvons régulièrement au Cedaf. »
Même problématique au Vésinet, où il est arrivé que des cygnes trouvent la mort, au bord du lac des Ibis, après avoir ingéré des hameçons. Aux étangs de Verneuil, c’est un plongeon imbrun, sorte de grand canard, qui a connu le même sort, sous les yeux de Laurence Boiteux, une Ovilloise membre de la Ligue de protection des oiseaux : « C’était il y a quelques années. Notre tentative de sauvetage n’a pas suffi. »
Pascale Dugat, déléguée générale de Seine en partage, arpente régulièrement les berges de la région pour des opérations de nettoyage. Pour elle, il est « courant » de trouver ce type de déchets au bord du fleuve francilien. « C’est sûrement involontaire, même si ceux qui se disent près de la nature ne sont pas toujours les plus respectueux », estime la représentante associative. Pour elle, les reflets argentés d’un hameçon sont particulièrement trompeurs pour les échassiers qui consomment du poisson et confondent ces objets avec leur nourriture.
La fédération donne des consignes
Alexis, un des pratiquants de paddle venu en aide au héron de Maisons-laffitte, pense que les oiseaux ne sont pas les seuls concernés par la menace : « Les hameçons peuvent tout aussi bien blesser des enfants et des animaux de compagnie », s’indigne le quadragénaire, encore « ému » d’avoir porté dans ses bras le héron mourant.
« L’abandon de fil, avec un hameçon au bout, est souvent consécutif à une casse, assure Jack Jeannot, président de la Fédération de pêche des Yvelines, qui compte 5 000 membres. Pourtant, on demande à nos licenciés, par le biais des clubs, de ne rien laisser sur les berges »