Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Mulcent, l’autre pays du caviar
Des centaines de tonnes d’oeufs de poisson transitent ici chaque année pour être reconditionnées ou transformées en taramas aux saveurs subtiles (truffes, corail d’oursin, wasabi…). Ils viennent d’alaska (saumon sauvage), d’islande (cabillaud), du Danemark ou d’italie (truite) mais aussi, pour le plus délicat d’entre eux, le caviar d’esturgeons, d’élevages implantés en Chine, Uruguay, Bulgarie et Pologne.
Installé depuis 1997
Il y a quelques mois encore, seuls les professionnels du secteur et quelques riverains bien informés savaient que Mulcent abritait depuis 1997 l’un des fournisseurs en caviar les plus importants de France. Mais comment « Comptoir du Caviar », créé en 1991, a-t-il bien pu atterrir ici ? « Je venais à l’époque de m’installer à Civry-la-forêt, explique Philippe Chauvin (55 ans), le fondateur et toujours patron de l’entreprise, qui affiche 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Je jouais au golf de la Vaucouleurs. J’y ai rencontré Benjamin Pelard, alors maire de Mulcent. Un local avait été laissé libre. »
Le site abrite aujourd’hui un laboratoire de 720 m2, où travaillent 12 personnes. Au gré des soubresauts de l’histoire (chute de L’URSS au début des années 1990, faillite des banques privées islandaises en 2008, interdiction de la consommation et de l’importation en Europe d’esturgeons sauvages en 2009), « Comptoir du Caviar » a alternativement, ou conjointement, approvisionne les grossistes, les épiceries fines et la grande distribution.
Passée entre plusieurs mains depuis 2003, la société a cédé 75 % de son capital au groupe de luxe Gardinier en 2015. Écartée de la grande distribution jusqu’en 2020, dans le cadre d’une clause de non-concurrence avec Labeyrie (actionnaire majoritaire jusqu’en octobre 2012), l’entreprise dirigée par Philippe Chauvin est aujourd’hui à un carrefour de son histoire.
Après avoir participé à la démocratisation du caviar, la société s’est mise en tête de bousculer le marché du luxe, qu’elle continue pourtant d’approvisionner.
Vendre le produit au prix juste du luxe
Son credo ? « Vendre au juste prix ! », annonce Philippe Chauvin. Cette offensive a commencé en octobre avec l’ouverture d’une boutiquedégustation dans le très chic boulevard Malesherbes à Paris. « Comptoir du Caviar », longtemps dans l’ombre, est désormais une marque.
Le kilo de caviar, acheté environ 600 euros aux éleveurs, est revendu aux alentours de 1 000 euros, soit moitié moins cher que chez les prestigieux Prunier et Petrossian. Une seconde boutique a été ouverte à Cannes. L’usine de Mulcent, elle aussi, abrite désormais un espace vente, qui sera délocalisé le week-end à partir de janvier au restaurant « La Mare aux Clercs ». La marque propose une trentaine de références.« L’idée, c’est d’avoir pignon sur rue pour se faire connaître et gagner une crédibilité auprès des particuliers, explique Philippe Chauvin. Les débuts sont très encourageants. Mais le vrai projet, c’est la vente par Internet. J’y crois beaucoup. »